mardi 20 septembre 2016

8 février 2015 Roger

Huit février deux mil quinze. Six heures dix.
Reprise.

AnneAnne,
Malgré ma promesse, je n'ai pas écrit…
Est-ce que tu vas mieux ? Je l'espère toujours !
Aujourd'hui, je dois parler de mon parcours. J'y pense. J’ai écrit quelques notes. Je compte improviser. J'ai peur de mon bégaiement et de mon mauvais hébreu.
Le temps a changé, le froid est revenu et la neige est attendue.
Installer un climatiseur était une mauvaise idée, du bruit, un souffle qui assèche, une chaleur mal distribuée. Je n’arrive pas à apprendre à me servir de la manette de commande…
Ce ne sont pas des plaintes. Peut-être un peu.
Des effets secondaires avec le trazodil que je ne veux pas décrire…
Est-ce mon actualité ?

Le studio « Haoman dix huit » a hébergé des activités variées.
Une femme qui enseigne le yoga du rire, une nouvelle méthode de yoga promettant que le rire sauve.
Un groupe de jeunes qui ont installé une énorme sono entre autres choses. Ces jeunes adolescents avaient de gros moyens et arrivaient en brandissant des liasses de billet.
Leurs manifestations étaient très bruyantes, malgré cela, j'arrivais à dormir dans mon studio.
J’étais déjà habitué à ces bruits de musique à plein volume. Dans les premières années de mon séjour dans le studio, se trouvait en face, une boîte de nuit dont la sonorisation faisait retentir dans mon oreille, de gros « boum boum ». Un autre désagrément de cette cohabitation était le va et vient incessant de personnes criant dans la rue, certaines se réfugiant dans les escaliers pour pratiquer toutes sortes d'actions interdites par la loi.
La porte de l'immeuble ne se fermant pas, le propriétaire avait abandonné l'idée de remplacer la serrure trois fois par semaine.
Cette boîte de nuit a été fermée deux ans après mon arrivée dans le studio. Le propriétaire de ce club, après un jugement en justice pour non payement de ces impôts a du s’exiler en prison.
Après une période de calme, une autre boîte de nuit faisant moins de bruit a pris la place de ce lieu s'appelant « Haoman dix sept ».
La spécialité de cette nouvelle énorme boîte, étendue sur trois niveaux, chaque niveau ayant une couleur, bleu, rose et noire, était de servir des cocktails de la couleur de l'étage. Les lumières étaient aussi tamisées à la même couleur de l'étage.
J'ai pu visiter cet endroit en pleine effervescence, grâce à la complicité d'une connaissance qui avait fonction de gorille.
Des concerts, de toutes sortes de musique que j'ai découvertes, des expositions, une très belle soirée de danse Buto, nouvelle danse, venant du japon, extrêmement lente, devant ma grande fresque « A Deux Mains, A Demain », que nous avions monté avec un angle, le plafond n’atteignant pas les quatre mètres de hauteur qu'il faut pour ce tableau.
Après toutes ces années, le studio a terminé l'hébergement de toutes les pratiques. Je suis resté seul. Je ne pouvais plus payer le loyer. Un agent immobilier a fait visiter la place à la directrice de cette école de danse, « Orpheus ». Danse eurythmique.
Cette branche, appartenant à l’enseignement anthroposophique fondé par Rudolf Steiner à la fin du dix neuvième siècle. Talia F., louant la moitié de la place, moi-même prenant un tout petit studio, le salon étant commun, deux autres studios ont aussi été occupés par des peintres de ma connaissance. Le prix de la location était calculé selon le métrage au sol. Pendant la première visite de Talia F., devant son hésitation, le métrage de la partie qu’elle désirait ne lui convenant pas, j'ai joué le rôle d'architecte intérieur, en lui conseillant d'abattre des cloisons et d'en construire d'autres selon ses besoins. Ce qu'elle fît en me remerciant. Elle raconte cet épisode jusqu'à présent aux nouveaux élèves.
J'ai quitté l'endroit de mes appartements privés pour lui laisser la place et, en attendant, je me suis installé dans un endroit sans fenêtre, ni lumière.
J'ai pu, après quelques mois, mon cousin Claude B. ayant trouvé un petit appartement boulevard Hébron, déménager dans ce lieu, tout en gardant le studio pour peindre.

AnneAnne,
Même si je ne le fais pas, je pense le faire, c'est à dire écrire la suite dans l'ordre.
Ce qui est certain, c'est mon attention, constante et constamment renouvelée pour toi, mon amitié proche, transparente comme l'eau pure du plus beau des lacs de haute montage. Je voyage, aller retour, en envoyant mes courriels, sans sortir de ma chambre. Je t'envoie mes plus grands souhaits.
Ychaï.
Sept heures vingt cinq.

Roger Bénichou-YchaÏ


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire