mardi 20 septembre 2016

23 avril 2015 Roger


Nettoyage par épuisement

AnneAnne,

J'ai été pendant trois ans le gardien, soigneur, masseur du rabbin Khalifa.
Je ne me souviens pas comment j'ai été choisi pour ce travail. L'idée m'avait séduit.
Ce rabbin était arrivé à Jérusalem après un séjour à Dijon où il avait continué à occuper ses ouailles. Je l'avais connu à Ain-Temouchent, le village où ma tante Rolande habitait et où nous passions les fêtes juives.
Ce rabbin dirigeait d'une main de maître la communauté juive de cette petite ville, surnommée, la « petite Jérusalem ». Il était savant dans les choses religieuses et avait épousé la fille de son maître. Son rêve était de finir ses jours dans le pays d’Israël. Il avait économisé toute sa vie pour acheter un endroit et y créer une maison d'étude au nom de son maître et beau-père.
Il a réalisé ce rêve.
En allant toutes les semaines chez T., je passe devant cette Yechiva, maison d'études maison où on est assis. « Yechiva » signifie « être assis ».
J'avais eu des conflits avec cet homme très autoritaire mais bon.
En effet, ayant reçu comme cadeau d'entrée en maturité, dans notre tradition, cela arrive à treize ans, je me trouvais en possession d'une caméra pour film huit millimètres.
Je me trouvais le jour du jeûne de Kippour avec cet appareil dans le lieu de culte. Avant la tombée de la nuit, au moment le plus important de cette journée, les fidèles se recouvrent la tête de leur châle de prière, rassemblent leurs enfants autour d’eux comme des brebis, les couvrent de leurs châles et chantent pour amener la Rédemption.
C'est ce moment-là que je choisis pour commencer mon tournage. Mon film ne dura pas longtemps car les fidèles horrifiés de l'énormité de ma transgression me firent expulser par ce rabbin. Quarante ans après, ce même rabbin qui m’expulsa, me doit quatre ans de survie grâce à mes soins.
Je passais huit heures par jour à le faire prier, à lui faire prendre ses douches et ses repas. A force de massages, je réussis à le remettre sur pieds et le faire rentrer dans ma voiture pour l’emmener dans des lieux saints. J’étais émerveillé de voir cette transformation et la joie sur son visage quand il s’asseyait dans les lieux religieux où je l’emmenais.
Il m'a enseigné l'origine de mon nom, « Benichou », mais j'ai oublié son explication.
En plus de cet occupation très humaine, je dus aussi exterminer les cafards, la femme de ce grand sage, ayant une vue très basse, ne s'était pas aperçue de l'invasion de sa cuisine par ces hordes d’insectes. Je dus engager une employée de surface compétente et prendre la direction de la propreté générale.
Je quittai après avoir eu un problème avec un jeune élève de ce rabbin. Ce jeune élève s’occupait des affaires financières du rabbin d’une manière très peu orthodoxe.

AnneAnne,
Comment vas-tu?
J'ai du me reposer deux jours, ayant senti le bout de mes forces.
J'ai bien avancé les folies révolutionnaires de nettoyage intégral de moi-même. Du moi intérieur et des moi extérieurs.
J'ai arrêté d’ingurgiter tous les médicaments que j’avais l’habitude de prendre pour faire une bonne surprise à mes médecins. J’attends pour leur annoncer la nouvelle de l’interruption de tous mes traitements.
Cette interruption est intervenue après que j’eus repoussé la date de la prise de sang.
Je suis arrivé à un poids de soixante et un kilos.
Chaque fois que je prends la décision de me faire prendre mon sang, l'endroit où j’allais était fermé ! Cela a affermi la confiance d’arrêter mes relations avec des hommes prétendant guérir.
Je pense faire la semaine prochaine le don de mon sang avant de prendre rendez vous avec le Docteur D.
Je pense à toi. J'apprends Windows, mon « Ubuntu » n'est pas encore réparé.
Si tu as toujours l'envie de m'enseigner, j'ai une machine Windows. Je travaille avec Jonathan. Tu auras la surprise de t'apercevoir tout le nettoyage accompli, et mes efforts sur l’assimilation des techniques et des technologies.
Comment vas-tu ?

Dans mon cœur d'ami, j'imagine et souhaite te lire.
Lire combien tu es en pleine forme, en pleine force et sourires.
Vraiment.
Je ne me relis pas…
Mes pensées, mes amitiés jour par jour, heure par heure, minute par minute.


Ychaï

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