mardi 20 septembre 2016

23 mai 2015 Roger 1


Vingt trois mai deux mil quinze. Huit heures vingt quatre.

AnneAnne,

Je suis content de te lire. De nouveau et de nouveau, mais désolé et triste des difficultés de ta vie quotidienne.
As-tu rencontré le technicien des yeux ?

Je déchire peu à peu, les petits bouts de papier où sont inscrits des « données », des noms, des adresses, des téléphones, une petite phrase.
Je me numérise, contemple l’immensité de cette tâche en me demandant si…

Quand mon dos me démange trop, à cause de la désintoxication, je cours de place en place dans mon appartement pour prendre une petite boîte contenant les petits morceaux de papiers. En général, selon les époques, ce sont des restes de lettres, des factures d’électricité. En ce moment je chasse les tickets d’autobus.
Malgré mes promesses intérieures, je ne suis pas arrivé à écrire sur ma tablette tous ces petits penses bêtes.
Je trouve une petite boîte. Je lis toutes les petits bouts de papier qui y sont contenus, je prends une autre petite boîte dans laquelle je transverse ces petits bouts de papier en faisant semblant de les trier. Je mets alors la petite boîte dans un autre endroit en attendant Jon pour lui dicter le contenu de ces petits bouts de papier.
J’oublie de le faire quand Jon vient car, en sa présence, j’oublie cette tâche, parce qu’il y a à écrire une lettre plus urgente.
Je dois m’arrêter souvent ces derniers temps pour soulager les douleurs avec les appareils appropriés. Je t’ai envoyé une photo de ces derniers. J’ai oublié d’inclure dans cette photo les brosses à poil naturel et à long manche que j’emploie aussi pour mon dos. J’ai généralisé l’utilisation de ces brosses à tout mon corps. Quand je fais ce brossage, les souvenirs de Maisons Laffitte me reviennent, je vois les soigneurs de chevaux, sont-ce les ladres, brosser les animaux, et je me vois comme un cheval.
Je perfectionne mes soins en les diversifiant : changer les huiles. Les huiles de massage, introduire de l’argile dans l’eau où macèrent les feuilles de thé vert.
Cette eau qui change de couleur et stagne dans ce magnifique récipient trouvé au studio ; pour une vision plus exacte de cet appareil, cuvette ancienne émaillée et peinte de roses provenant de Tchécoslovaquie, voir photo.
Avec tous ces changements, rangements, déplacements, le risque est de perdre ou de ne plus savoir ou se trouve, par exemple un papier important que je recherche depuis plus d’une semaine.
Le papier où j’avais inscrit un essai d’arbre généalogique qui devait me servir  pour la première page de la chronologie. Une feuille retrouvée qui avait été écrite, il y a plus de trente ans à Paris. Des souvenirs que m’ont raconté des personnes qui sont décédées depuis.

Huit heures cinquante neuf.

Nous n’avons pas pu, comme j’avais espéré, finir la première feuille de la chronologie. J’en suis triste, je dois faire appel à toutes mes connaissances pour ne pas trop me culpabiliser.
Le travail sur moi ne consiste pas seulement en soins corporels.
Je continue à faire des recherches et des analyses pour éliminer toutes mes mauvaises habitudes de pensées : pensées et comportements répétitifs, clichés inconscients…
J’aime faire ces recherches. Elles me donnent l’impression de changement.
J’écoute et réécoute, pendant des heures, allongé sur le dos, les cours de Monsieur Alain de Libera qui parlent de la volonté et de l’action. Les balles de tennis soutiennent mon dos.
La désintoxication et ces écoutes me donnent l’impression d’être plus clair et de mieux comprendre.
J’ai fait appel à Albert S., un écrivain qui avait fait un article sur moi il y a vingt ans, pour lui demander d’écrire sur le projet de « Mère ». Nous devons nous rencontrer vers mardi prochain. Je pense lui demander une coopération sur l’écriture de présentation de « Mère ». Je voudrais aussi une coopération pour l’écriture d’un scénario pour le grand collage « A Demain, A Deux Mains ».
Je suis très heureux de son acceptation et d’avoir eu cette idée, qui me libère et me sors de la culpabilité de ne pouvoir l’écrire moi – même.
Je répète et me répète qu’il faudrait écrire cette présentation pour que ce projet prenne réalité. J’avais pensé résoudre cette angoisse en demandant cette collaboration. Ces demandes augmentent l’espoir, me rendent fier de sentir que je peux briser ma solitude.
J’ose prendre une autre place et m’adresser aux autres pour réaliser un projet.
En termes modernes, je pense à « Facebook ». Nous disons partager et faire participer.
Je n’aime pas le mot « collaboration », à cause de la connotation historique.
Je me prépare à aller boire un café chez les Hadany’s.
Neuf heures vingt deux.
Je continuerai plus tard si je surmonte mon obsession, ces derniers jours, très intenses, d’écouter Alain de Libera.

AnneAnne,

Porte-toi bien, je pense à toi.
Avec amitié, une amitié toujours fraîche, lumineuse et colorée comme les fraises organiques. La couleur des fraises sur les étals est insupportable de fausseté (à développer). Couleur vraie des organiques et fausses des engraissées chimiquement tout cela selon moi.
Je t’embrasse très organiquement.
Comment est-ce d’être embrassé organiquement ?

Ychaï

Non relecture

Roger Bénichou-Ychaï


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