mardi 20 septembre 2016

16 mai 2015 Roger


AnneAnne,

La désintoxication se poursuit. Le plus difficile est l’espace du dos.

Maison Laffitte.
Le voisinage où se trouvait la petite maison était constitué de terrains d’entraînement de chevaux de courses. Ce paysage était très nouveau pour moi. Je regardais avec curiosité la vie des gens qui s’occupaient de soigner et de rentabiliser les chevaux pour les courses.
J’allais dans le café du village. En France, aller au café est une manière de vivre.
J’ai passé beaucoup de temps dans les cafés, seul ou avec des amis, à lire, regarder, rêver, perdre le temps, attendre. Ce serait une idée pour un autre fil.
Le fil du temps passé dans les cafés.
Le café de Maison Laffitte avait l’odeur de la terre et du sable qui était répandu dans les espaces où les chevaux devaient travailler. Il y avait aussi le bruit des bottes que portaient les cavaliers et les ladres.
Raconter aussi le café de la gare de Manosque où je m’asseyais en attendant que Djamchid Chémirani vienne me chercher pour me conduire dans sa petite maison à Saint-Maime.
J’ai parlé avec Elisabeth et Djamchid Chémirani hier matin, l’envie m’est venue, après avoir écouté par hasard Keyvan parler sur France Musique de la parution de leur dernier disque.

Les matins avec Tony Gatlif.
J’ai passé dans la cuisine de Maison Laffitte du temps à écouter les rêves de Tony, mais je ne me souviens pas lui avoir raconté mes attentes artistiques.
Je ne pouvais parler de mes espoirs, peur d’une  parole qui aurait pu faire perdre de la force à la tension de mon désir.
Désir d’être un artiste, un musicien.
Je me reproche actuellement cette attitude. J’avais tendu toutes mes forces en croyant, comme Hedi Tarjan, qu’il fallait être entièrement disponible pour réaliser un art. J’avais une attitude critique envers le récit prévisionnel projeté sur le futur de devenir cela.
J’avais peur que la parole anticipée nuise à la réalisation du faire.
J’étudie encore ce mystère qui réside entre le fait de parler de ses projets l’acte de les faire.
Les cours du collège de France  sur la volonté et l’action  m’aident énormément en ce moment à mieux comprendre ces processus psychiques.
J’écoute le cours de Claudine Tiercelin sur la connaissance pratique.
Ces apprentissages me permettent de voir plus clair sur mes parcours et comportements anciens.
Toutes ces recherches me donnent une force et une nouvelle confiance en moi.
Ma préoccupation principale se porte sur la question de savoir si je change ou si je varie.
Si l’on change ou si l’on varie.
La désintoxication que je m’impose me permet de changer les habitudes.
Je suis devenu un chasseur d’habitudes mortifères, pensées, actions, réactions…
J’ai le désir de diriger ma volonté pour me relire, aller lentement, parler clairement, et de construire la phrase pour qu’elle soit compréhensible…
Entretenir mon chaos et mon papillonnage, chercher l’efficacité ?
Trois heures deux.
Nous avons commencé à mettre les photos dans la grille de la chronologie.
AnneAnne.
Trois heures quatorze.
Je vais m’allonger.

Roger Bénichou-YchaÏ


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire