lundi 5 septembre 2016

24 decembre 2014 Roger 1

Vingt quatre décembre deux mil quatorze.

Faire les choses à faire que je ne fais pas.

AnneAnne,

Je n'ai pas écrit comme je l'avais prévu.
J'ai été à l'hôpital hier matin, le vingt trois décembre deux mil quatorze. J'étais inquiet car Ruth H. ne répondait pas à mes appels téléphoniques. Je ne comprends pas. Est – ce que le numéro que j’appelais n'était pas le bon numéro ?
Je suis arrivé à l’hôpital « Chaarei Tsedek » (les « Portes de la Justice ») vers neuf heures. André H. dormait. Je suis descendu à la cafétéria prendre un chocolat. Après avoir fini de boire, j’ai gagné la chambre. André H. était réveillé. Il parlait avec Ruth, arrivée entre temps.
André H. m'a dit qu'il était content de me voir. Il était en forme. Il m'a parlé longtemps. J'étais obligé de me pencher vers lui pour l'entendre. Il m'a dit que j'allais avoir mal au cou. Toujours avec beaucoup d'humour et de lucidité malgré son état.
En l'accompagnant aux toilettes, il me dit que c'était merveilleux d’être entre la vie et la mort. Je n'ai pas répondu, mais cette phrase est restée dans ma mémoire.
Ces derniers temps, j’ai réfléchi beaucoup à la polysémie du mot « entre ».

« L'important, c'est de faire. » J'ai entendu cette phrase de la bouche de J. Brel, dans une radioscopie diffusée en rapport avec la mort de J. Chancel. Je t'ai envoyé le lien.

Les déménageurs sont venus prendre toutes les œuvres de Hedi T. Elles vont voyager vers le Musée du Diocèse de Székesfehérvár, l’ancienne ville résidentielle des rois de Hongrie. J'étais heureux et triste en même temps. Les œuvres resteront dans l’entrepôt du déménageur. J’attends un papier du Musée. Cela m'a contrarié. J'avais parlé avec la directrice du musée. Elle n'a pas compris mon anglais. J'ai du téléphoner en France pour contacter une amie hongroise qui a pu parler à la directrice du Musée. La directrice est absente jusqu’au cinq janvier.
Pendant la conversation avec André H. à l’hôpital, il a dit qu'il aimait parler avec moi. Avec sa mémoire étonnante, il a cité tous les noms de son ami Sam et m'a demandé de lui téléphoner pour lui faire part de sa maladie. André H. voulait sortir Sam de son endormissement, de son apathie. Il ne voulait pas partir sans lui avoir parlé. André H. a des analyses personnelles et herméneutiques particulières sur ses amis et les enfants de ses amis. Il m'a parlé de Daniel E., et de ses enfants. Il a aussi analysé le comportement des épouses de ses amis. Il pense vite et ne finit pas ses phrases. C'est difficile de se rappeler tous ses dits. Je voudrais les transcrire. J’hésite entre le sentiment de savoir s'il me parle pour que je n'oublie pas ou s’il me parle parce qu'il a besoin de parler.
André H. a parlé de sa musique assez longtemps.
Louis F. m'a téléphoné pour me raconter le concert qu'il a dirigé au Conservatoire de Paris. L’œuvre d’André H. a beaucoup plu au public. C'est un concerto pour clarinettiste et orchestre écrit sur des thèmes de musique juive.
Je dois me préparer pour aller au studio, je veux continuer à écrire dans la soirée.
Ne pas être « procrastinateur ». J'aime ce mot. Mais j'aimerais faire ce que je me promets.
J'imagine que te sens mieux avec les soins de ton ostéopathe.
Avec fraîcheur, délicatesse et attention, mes amitiés affectueuses nouvelles de ce matin.

Ychaï



Roger Bénichou-YchaÏ


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