lundi 5 septembre 2016

14 decembre 2014 Roger

Quatorze décembre deux mil quatorze (un beau chiffre) à dix huit heures vingt cinq.
Les copier-coller.
AnneAnne,
Je vais essayer d'apprendre comment joindre des photos et des cartes à mes courriels. Grâce à toi, je vais m'efforcer de surmonter mon indécision et d'avancer dans la technique virtuelle.
Si tu as une procédure pour ces actions ?
Mon idée est de choisir dans mes réserves photographiques, de choisir et comprendre comment les envoyer sur le bureau, ensuite, de copier le texte déjà écrit du « libre office » et le coller sur le courriel. Ayant effectué ces actes, chercher le bouton « gmail » qui ferait le transfert du bureau pour les inclure dans le courriel.
Ce sont des actions auxquelles j'ai longtemps médité.

La maladie d'André.
André est obligé d'aller plusieurs fois par semaine pour se faire enlever le liquide que se renouvelle dans ses poumons. Le médecin traitant ne sait pas encore la provenance ni la nature de ce liquide. André n'a pas reçu tous les résultats pouvant éclairer les docteurs afin qu'ils puissent trouver et conduire un traitement. Il me raconte longuement la progression de sa maladie. Mon inquiétude, à l'écoute de ses récits, le dernier surtout, me fait craindre une identification avec la maladie de Dadou et de tous mes amis que la maladie a emportés.
Son récit de la vision qu'il a eue jeudi, vision de toute sa vie, le récit de son impression de s'être enfin trouvé, d'être lui-même, d'avoir trouvé son moi tout en sachant qu'il y a des milliers d'êtres en lui. J'ai entendu et lu que les mourants voient défiler leur vie.
Je pense, que son grand travail intérieur lui a permis d’accéder à son histoire passée, non pas qu'il pense à sa mort, mais, avec lucidité, il parle de son destin  et de sa maladie.
Le résultat des analyses peut amener de très mauvaises nouvelles.
Je lui téléphone et il me téléphone pour me donner de ses nouvelles tous les jours.
Ma tête fonctionne et imagine ! J'ai vécu ces états fatals, avec une attente angoissée, avec les personnes qui m’étaient proches.
Je ne voudrais pas imaginer cet inimaginable, mais voudrais plutôt ne pas penser à ce futur, vivre chaque minute de notre amitié, être présent. L'écouter lucidement et essayer de lui parler.
Il est dix neuf heures dix. Temps triste et pluvieux avec le tonnerre.
Je ne suis pas très marrant…
Comment vas-tu aujourd'hui ?
Je te vois assise dans ta cuisine avec le soleil. Sa lumière sur ton visage ?
J'ai envoyé une petite vidéo d'une cascade. J'ai été poussé à l'envoyer, n'ayant pas l'habitude de ce genre d'envoi.
Dix neuf heures vingt. Je vais me reposer.
Je fais passer ce courriel avec virtuosité entre les gouttes de pluies. L'orage est là, je voudrais que mes mots et mes affections ne soient pas ralenties par ce temps.
Roger

Roger Bénichou-YchaÏ


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