Quatorze décembre
deux mil quatorze (un beau chiffre) à dix huit heures vingt cinq.
Les copier-coller.
AnneAnne,
Je vais essayer
d'apprendre comment joindre des photos et des cartes à mes courriels. Grâce à
toi, je vais m'efforcer de surmonter mon indécision et d'avancer dans la
technique virtuelle.
Si tu as une
procédure pour ces actions ?
Mon idée est de
choisir dans mes réserves photographiques, de choisir et comprendre comment les
envoyer sur le bureau, ensuite, de copier le texte déjà écrit du « libre
office » et le coller sur le courriel. Ayant effectué ces actes, chercher
le bouton « gmail » qui ferait le transfert du bureau pour les
inclure dans le courriel.
Ce sont des actions
auxquelles j'ai longtemps médité.
La maladie d'André.
André est obligé
d'aller plusieurs fois par semaine pour se faire enlever le liquide que se
renouvelle dans ses poumons. Le médecin traitant ne sait pas encore la
provenance ni la nature de ce liquide. André n'a pas reçu tous les résultats pouvant
éclairer les docteurs afin qu'ils puissent trouver et conduire un traitement.
Il me raconte longuement la progression de sa maladie. Mon inquiétude, à l'écoute
de ses récits, le dernier surtout, me fait craindre une identification avec la
maladie de Dadou et de tous mes amis que la maladie a emportés.
Son récit de la
vision qu'il a eue jeudi, vision de toute sa vie, le récit de son impression de
s'être enfin trouvé, d'être lui-même, d'avoir trouvé son moi tout en sachant
qu'il y a des milliers d'êtres en lui. J'ai entendu et lu que les mourants
voient défiler leur vie.
Je pense, que son
grand travail intérieur lui a permis d’accéder à son histoire passée, non pas qu'il
pense à sa mort, mais, avec lucidité, il parle de son destin et de sa maladie.
Le résultat des
analyses peut amener de très mauvaises nouvelles.
Je lui téléphone et
il me téléphone pour me donner de ses nouvelles tous les jours.
Ma tête fonctionne
et imagine ! J'ai vécu ces états fatals, avec une attente angoissée, avec les
personnes qui m’étaient proches.
Je ne voudrais pas
imaginer cet inimaginable, mais voudrais plutôt ne pas penser à ce futur, vivre
chaque minute de notre amitié, être présent. L'écouter lucidement et essayer de
lui parler.
Il est dix neuf
heures dix. Temps triste et pluvieux avec le tonnerre.
Je ne suis pas très
marrant…
Comment vas-tu
aujourd'hui ?
Je te vois assise
dans ta cuisine avec le soleil. Sa lumière sur ton visage ?
J'ai envoyé une
petite vidéo d'une cascade. J'ai été poussé à l'envoyer, n'ayant pas l'habitude
de ce genre d'envoi.
Dix neuf heures
vingt. Je vais me reposer.
Je fais passer ce
courriel avec virtuosité entre les gouttes de pluies. L'orage est là, je voudrais
que mes mots et mes affections ne soient pas ralenties par ce temps.
Roger
Roger Bénichou-YchaÏ
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