lundi 5 septembre 2016

4 janvier 2014 Roger

Quatre janvier deux mil quinze. Quatre heures quarante cinq.

AnneAnne.
Bonjour,
Je pense à toi et à ton dernier courriel. Je t'ai envoyé les liens que j'ai enregistrés pour toi sur mon dictaphone, pour que tu ne te  fatigues pas les yeux.
Je continuerai à faire ces enregistrements sans cesser de t'envoyer les courriels.
Tu pourras les lire quand tes yeux seront reposés.

Je suis aller visiter André H. hier vers seize heures. Il était assis dans son fauteuil. Ruth lisait le journal sur la table à manger. En m'accueillant, André H. me dit qu'il était content de me voir, mais qu'il ne pouvait pas me parler, ce à quoi j'ai répondu : « le silence est aussi une preuve d'amitié ». Il avait une voix encore plus faible.
Il avait encore maigri, Ruth me disait qu'il ne mangeait pas.
André H. m'a fortement demandé comment je me portais. Il s’endormait quelques minutes. Pendant que je parlais avec Ruth H., il dit, en ouvrant les yeux, qu'il était content que je parle à Ruth.
Ils n'avaient pas eu beaucoup de visiteurs.
Je parlais de temps en temps à André H. quand je le sentais disponible.
Lui demandant ce qu'il pensait, il me dit qu'il faisait dans sa tête la même chose que moi.
Ruth n'avait pas compris que « la même chose que moi » était la chronologie de sa vie.
J'avais raconté à André H. le travail d’écriture que je faisais. La recherche de dates et de souvenirs dans tous mes papiers que j'inscrivais sur de grandes feuilles. Acte nouveau pour moi, ayant une allergie profonde pour tous classements, pour l'histoire… plutôt pour mon histoire.
Je suis resté jusqu'à la tombée de la nuit. André H. disait quelques mots de temps en temps et avait la force de faire des mots d'esprit.
Ensuite, je suis allé rendre la voiture à Netanel E., qui m'a raccompagné, est monté à l'appartement pour faire un peu d'ordre dans mon ordinateur.
Après le départ de Netanel E., j'ai téléphoné à D. Ep., pour lui donner des nouvelles d'André H.
Je me suis couché tôt, écoutant je ne sais plus quoi. Dormant et me réveillant de temps en temps avec la tablette qui débitait des conférences. J’étais entre l'écoute et le sommeil léger.
D. Ep. veut aller visiter André H. demain, dimanche.
Cinq heures dix.
Je corrige et m'aperçois de toutes les inversions de lettres devenues presque habituelles. Les doigts sur le clavier se comportent indépendamment de moi. Ils buttent sur le « ai » qui devient « ia » et ainsi de suite…
J'ai tendance à ne pas vouloir corriger pour te laisser voir ce problème dyslexique.
Il y a deux mondes, celui de l'écrit et celui de la parole.
Le monde de la parole est plus libre, fluide, sans inhibitions.
Sans inhibitions, parce que l’on croit que la parole ne laisse pas de traces.
L'écrit demandant plus d'attention, est visible sur la feuille blanche ou l'écran. Cette visibilité laisse le temps de la critique, de l'insatisfaction. Il paralyse aussi, le flux et le rythme.
Cinq heures trente.
AnneAnne,
Le jour va bientôt se lever. Un bon réveil pour toi, réveil heureux et sans douleurs. Avec des forces nouvelles que j'accompagne de ma grande amitié transparente entre les lettres et les mots maladroits. Il faut écarter la maladresse pour que la tendresse amicale se laisse voir.
Bon jour, bon se lever. Je vais faire mon troisième café.
Ychaï.

P.S.
Je t'ai envoyé par « Web Transfer », cinq minutes de la vidéo de l'expo.
J'ai été étonné et ravi par le travail du montage et par la qualité du son et des images.
Je ne m'y attendais pas. Avec le retard de la livraison, désespéré, j’avais perdu ma confiance envers le vidéaste. Celui-ci avait donné à faire le montage à ce Chen Kalifa, que je ne connais pas, mais à qui, j'ai envoyé de vifs compliments et remerciements.
Ces cinq minutes sont la promotion qui permettra à Itaï, le vidéaste, de traiter avec les deux chaînes de télévision qu'il a contactées pour faire rentrer de l'argent et continuer son travail.
C'était la seule bonne surprise de ces derniers jours.

Roger Bénichou-YchaÏ

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