mardi 20 septembre 2016

30 janvier 2015 Roger


Trente janvier deux mil quinze. Seize heures trente.
Mon tourment obsessionnel.

AnneAnne,
Écrire, non quand je le veux mais quand ma tête se libère de mes obsessions actuelles.
Dans mes jours et mes nuits agités.
Je n'arrive pas à m'habituer à mes nouvelles lunettes bifocales.

Penser que tu vas mieux, souhaiter ce mieux avec toutes mes forces.

Si je me souviens bien, j'avais commencé le récit de ces dernières années.
Cela pourrait être à partir de deux mil cinq.
Il faut que je regarde les factures du studio pour écrire exactement la date de mon entrée dans le studio.
Peu à peu, le studio a été connu. Nous avions un public varié. Très souvent autour de cent personnes, mais la caisse était pauvre.
Une petite histoire.
Le soir d'un concert où il y avait beaucoup de monde et de succès, la caisse était bien remplie malgré la modique somme du prix de l'entrée. Le concert s’était terminé. Je ne savais pas où mettre la recette assez élevée, j’étais angoissé et pressé de trouver une cachette. Il y avait beaucoup de mouvement, encore dans le studio, je décidai donc de cacher cette somme sous mon matelas et me couchai dessus, très fatigué. Le matin en me levant, après avoir bu mon premier café, j'ai voulu récupérer la somme pour faire ma comptabilité. Je soulevai le matelas, sans trouver la somme. L'angoisse me reprit, je me mis à chercher avec une folle fébrilité, remuant tous ce qui pouvait être remué. Rien toujours, je n’en croyais pas mes yeux. J’appelai Yaniv S. en pensant que des forces fraîches et un œil non encombré m’aiderait. Lui aussi ne trouva rien. J'ai passé la journée à fouiller ma mémoire jusqu'à me rendre malade.
Cette somme n'a jamais été retrouvée.
Amit se maria avec une polonaise rencontrée à Charleroi, la ville de Rimbaud, lors d’un festival.
Il présentait sa très belle pièce de marionnettes dans ce festival.
Cette polonaise le dragua et ils se marièrent. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis son mariage.
Yaniv S., faisant une tournée de concert en Croatie, tomba amoureux de Mia, sa guide croate, et Mia tomba aussi amoureuse de Yaniv.
Après avoir vécu en Israël pour essayer leur couple, ils se marièrent dans le pays de Mia. Tom, quatre ans, est leur enfant.
Mia est une très bonne sculptrice. Elle gagne sa vie sur internet en dessinant des modèles de robes. Yaniv S. fait une belle carrière en solo, il n'aime pas être embêté par d'autres artistes. Il a construit un très beau spectacle avec des petits robots qu'il construit lui-même. Ces robots jouent de la musique. Yaniv S., derrière ses consoles d’ordinateur, dirige le spectacle, joue de tous ses instruments et de sa voix tout en manipulant les lumières. Il vient souvent me voir quand il est à Jérusalem.
Je suis allé les visiter dans la maison en bois où ils vivaient en Croatie. Tom n'était pas encore né. Mia avait adopté un petit chat très agile et affectueux. Cette maison se trouvait sur une montagne à quelques centaines de kilomètre de Zagreb. Une maison entièrement vieille et écologique avec un jardin en pente.
J'ai fait quelques peintures que je leur ai laissées.
Le studio s'est vidé de ces deux occupants.
Doron, qui vit avec une danseuse moitié hollandaise, moitié indonésienne, habite à Amsterdam. Doron a habité le studio pendant quelques temps quand il a rompu avec sa dernière maîtresse. Je l'ai recueilli pour lui éviter le désespoir. Il a fait un spectacle de danse « Buto » avec mon grand collage « A Demain, A Deux Mains » en toile de fond.
Doron m’a fait connaître Itaï, vidéaste. Il est venu en Israël pour filmer ma fresque « A Demain, A Deux Mains ». Après quelques longs mois, si ce n’est un an, il m’a envoyé des bribes de son travail. Notre relation s’est mal terminée. Il avait promis de faire le montage de la vidéo qu'il a filmé pendant un mois et pour laquelle, j'ai organisé une belle exposition qui a duré cinq heures. J’ai du travailler presque seul, deux jours pour l'installer sur le mur. Elle mesure quatre mètres de haut sur trois mètres vingt de large. L'échelle était très haute, cinq mètres. J'ai du appeler deux danseurs pour grimper et m'aider.
Espérons que je détaillerai cette très belle exposition. André H. et ses musiciens, Yoram Zerbib, un ami très bon guitariste, ont fait un beau concert. Détails à venir.
Écrire calme mon extrême agitation, mais je dois quitter l'ordinateur pour reposer mes yeux qui ont beaucoup lutté avec mes lunettes. Quitter, mais à regret.
Dix sept heures trente.
AnneAnne,
De ce loin approximatif, la distance s’efface et le temps aussi par l'amitié …
Amitié vraie, sincère, affectueuse, attentive, transparente et intense. Rouge de pudeur.
Ychaï.
Dix sept heures quarante.
Que de choses à raconter !


Roger Bénichou-YchaÏ

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