jeudi 28 avril 2016

Préface



A l’écoute de « France Culture » il y a quelques années, frustré par ce que je croyais être l’impossibilité d’écouter de nouveau certaines émissions, je cherchais à apprendre à les télécharger.
Comment est arrivé dans mon courriel ANPR (A Ne Pas Rater).
Je suis devenu membre de ce groupe, des gens très intéressants, très serviables, envoyant rapidement, non seulement les liens d’émissions que j’aurais aimé entendre, mais aussi les conseils sur les technologies pour les télécharger.
Après quelque temps de mon adhésion à ce groupe, je reçus un courriel de « AnneAnne », qui, s’étant aperçue à la lecture de mes demandes et questions, de mon invalidité technologique dans cette science nouvelle de l’informatique, me proposait de m’aider.
Nous avons échangé des courriels dans lesquels elle m’envoyait ses conseils que je mettais à profit avec une profonde reconnaissance à son égard.  
J’avais oublié de préciser une chose importante : mon ordinateur travaillait sous « Linux ». « AnneAnne » pensait que j’étais sous « Windows ». Ainsi, nous avons correspondu avec cette incompréhension. Ce qu’elle me conseillait ne marchait pas.   
« AnneAnne » était persévérante, voulait vraiment m’aider, et tenait à m’éduquer informatiquement. Quand nous nous aperçûmes de cette erreur, la correspondance est devenue plus intime.
Voulant me connaître, elle avait appris que j’étais né en Algérie et que je vivais en Israël.
Ayant été une militante dans ses années d’adolescence, pendant la guerre d’Algérie, elle me pria de lui raconter mes souvenirs de mes années d’enfance dans ce pays où je suis né, à Oran.
Oran, la ville où Albert Camus situa son roman « La Peste ».  
C’est ainsi que notre correspondance a commencé.
Je me suis enthousiasmé à ce jeu d’écriture épistolaire. J’écrivais avec plaisir une fois par jour, pendant une heure ou plus.
Au début de notre correspondance, ayant cherché à être elle – même écrivain, elle me prodiguait des conseils et des corrections pour améliorer ma manière d’écrire.
AnneAnne trouvant mes histoires de plus en plus passionnantes, me réduisit ses conseils peu à peu. A un certain moment, elle m’écrivit qu’il n’y avait rien à changer à mon style.
Les mois et les courriels passant, elle se confiait, se racontait, écrivait sur sa vie quotidienne et ses problèmes de santé.
Un peu plus tard, elle eut de plus en plus de mal à se mettre au clavier, à répondre à mes courriels ses douleurs à l’épaule s’aggravant.
Les liens devenaient de plus en plus brefs et laconiques. Je continuais à lui écrire sans recevoir de réponse.
« AnneAnne » est née à Marseille. A l’un de mes voyages en visite dans ma famille marseillaise, je pris du temps pour faire des photos des endroits où elle avait habité : la Ville Radieuse de l’architecte Le Corbusier, et une calanque de Marseille. (Chercher noms).
Nous avions convenu, au début de notre relation, de ne pas nous rencontrer physiquement.
Je n’ai jamais vu le visage de « AnneAnne ».
Je lui ai parlé une seule fois au téléphone.
Je recevais de moins en moins de courriels de « AnneAnne ».
Pendant des mois, j’ai imaginé toutes sortes de raisons à propose de son silence.
J’ai pensé à lui téléphoner. Je ne l’ai pas fait.
Mes courriels à son égards s’étant espacés, je décidai de ne pas chercher pas à savoir ni le pourquoi, ni le comment de ce silence épistolaire.
J’ai décidé en novembre 2015 de revoir toute cette correspondance, de trouver un éditeur.
J’avais envie de laisser une trace de cette rencontre. L’empreinte de l’écriture.
La qualité de « AnneAnne », la manière aérienne de notre rencontre : les ondes (« France Culture », l’ordinateur, « ANPR »… que je remercie), ont aidé à confirmer ma décision.