A l’écoute de « France
Culture » il y a quelques années, frustré par ce que je croyais être
l’impossibilité d’écouter de nouveau certaines émissions, je cherchais à
apprendre à les télécharger.
Comment est arrivé dans mon
courriel ANPR (A Ne Pas Rater).
Je suis devenu membre de ce
groupe, des gens très intéressants, très serviables, envoyant rapidement, non
seulement les liens d’émissions que j’aurais aimé entendre, mais aussi les
conseils sur les technologies pour les télécharger.
Après quelque temps de mon
adhésion à ce groupe, je reçus un courriel de « AnneAnne », qui,
s’étant aperçue à la lecture de mes demandes et questions, de mon invalidité
technologique dans cette science nouvelle de l’informatique, me proposait de m’aider.
Nous avons échangé des
courriels dans lesquels elle m’envoyait ses conseils que je mettais à profit
avec une profonde reconnaissance à son égard.
J’avais oublié de préciser une
chose importante : mon ordinateur travaillait sous « Linux ».
« AnneAnne » pensait que j’étais sous « Windows ». Ainsi,
nous avons correspondu avec cette incompréhension. Ce qu’elle me conseillait ne
marchait pas.
« AnneAnne » était
persévérante, voulait vraiment m’aider, et tenait à m’éduquer informatiquement.
Quand nous nous aperçûmes de cette erreur, la correspondance est devenue plus
intime.
Voulant me connaître, elle
avait appris que j’étais né en Algérie et que je vivais en Israël.
Ayant été une militante dans
ses années d’adolescence, pendant la guerre d’Algérie, elle me pria de lui
raconter mes souvenirs de mes années d’enfance dans ce pays où je suis né, à
Oran.
Oran, la ville où Albert
Camus situa son roman « La Peste ».
C’est ainsi que notre
correspondance a commencé.
Je me suis enthousiasmé à ce
jeu d’écriture épistolaire. J’écrivais avec plaisir une fois par jour, pendant
une heure ou plus.
Au début de notre
correspondance, ayant cherché à être elle – même écrivain, elle me prodiguait
des conseils et des corrections pour améliorer ma manière d’écrire.
AnneAnne trouvant mes
histoires de plus en plus passionnantes, me réduisit ses conseils peu à peu. A
un certain moment, elle m’écrivit qu’il n’y avait rien à changer à mon style.
Les mois et les courriels passant,
elle se confiait, se racontait, écrivait sur sa vie quotidienne et ses
problèmes de santé.
Un peu plus tard, elle eut de
plus en plus de mal à se mettre au clavier, à répondre à mes courriels ses
douleurs à l’épaule s’aggravant.
Les liens devenaient de plus
en plus brefs et laconiques. Je continuais à lui écrire sans recevoir de
réponse.
« AnneAnne » est
née à Marseille. A l’un de mes voyages en visite dans ma famille marseillaise,
je pris du temps pour faire des photos des endroits où elle avait habité :
la Ville Radieuse de l’architecte Le Corbusier, et une calanque de Marseille.
(Chercher noms).
Nous avions convenu, au début
de notre relation, de ne pas nous rencontrer physiquement.
Je n’ai jamais vu le visage
de « AnneAnne ».
Je lui ai parlé une seule
fois au téléphone.
Je recevais de moins en moins
de courriels de « AnneAnne ».
Pendant des mois, j’ai
imaginé toutes sortes de raisons à propose de son silence.
J’ai pensé à lui téléphoner.
Je ne l’ai pas fait.
Mes courriels à son égards
s’étant espacés, je décidai de ne pas chercher pas à savoir ni le pourquoi, ni
le comment de ce silence épistolaire.
J’ai décidé en novembre 2015
de revoir toute cette correspondance, de trouver un éditeur.
J’avais envie de laisser une
trace de cette rencontre. L’empreinte de l’écriture.
La qualité de « AnneAnne »,
la manière aérienne de notre rencontre : les ondes (« France
Culture », l’ordinateur, « ANPR »… que je remercie), ont aidé à
confirmer ma décision.