dimanche 31 juillet 2016

22 septembre 2014 Roger

Numéro vingt deux du vingt deux septembre deux mil quatorze.
Un vrai frisson

Jérusalem, le vingt deux septembre deux mil quatorze à six heures quarante cinq.

AnneAnne,

Le froid est en train de s'installer. J'en profite pour continuer mes expériences sur le frisson. Me souvenant de tes conseils et explications de ce que peut être le frisson, j'ai eu une expérience de frisson profond. Il s'est manifesté en moi en écoutant « la Fanette » chantée par Jacques Brel (« You Tube »). Il est curieux et émouvant d'avoir vécu cette émotion forte prouvant que ma sensibilité est toujours vivante. Je continue d'espérer vivre la différence entre le frisson provoqué par l'art et le frisson provoqué par le fait de « tomber amoureux ».
Pour la « chair de poule », malgré le fait que je ferme la fenêtre le soir et la nuit, le froid étant plus vif ces derniers temps, je n'ai pas encore retrouvé cette sensation.
J’expérimente aussi les différences entre le sentiment et la sensation tout en étant arrivé à une petite conclusion que cela pouvait être la même chose, pouvant passer par les mêmes canaux. J'essaye avec un peu plus d'attention d’éviter le rhume. C'est ainsi que je me fais des inhalations préventives.
J'ai reçu hier, un massage par Monsieur Shalom, un bénévole que je ne connaissais pas, qui a presque guéri mon épaule gauche. Ce masseur a utilisé une méthode étonnante  très efficace. Cette institution ne me permet pas de choisir mes soignants car je suis pour eux un « body », c'est à dire, un humain que l'on appelle quand un malade s'est décommandé, et que la place est libre.
En pensant à la dernière histoire (Cap Falcon), j'aurais voulu ajouter des détails et perfectionner la description des paysages, malgré les faiblesses de mon écriture de ce genre.
Ces paysages de cette petite partie de ma vie me hantent toujours, non pas par nostalgie, mais par le sentiment de joie que je ressentais à l'époque du Cap Falcon.
Ce sont des époques courtes, étant parti très jeune en France, définitivement en mil neuf cent cinquante six, sans y être jamais revenu. J'avais passé deux ou trois séjours en été dans des colonies de vacances où j'avais été très malheureux, en particulier à Villars de Lans.
Je retrouve dans mes couleurs, le bleu, le jaune et le marron, dans mes tableaux et surtout dans le nouveau projet. Ce projet continue d’avancer lentement, malgré un blocage sur l'écriture de l'explication que je dois soumettre aux institutions qui pourraient m'aider financièrement.
Malgré l'impression de dispersion des récits, je me console en pensant que ce sont les petites pierres du Petit Poucet déposées pour retrouver son chemin.

AnneAnne,

T'écrire, te raconter mes histoires, tracer du blanc sur du noir, veut aussi dire pour moi que ce blanc recèle des pensées et des souhaits pour ta santé.
Ainsi le blanc est toujours plus important et contient une plus grande force d'amitié.

Ychaï


20 septembre 2014 Roger

Numéro vingt et un du vingt septembre deux mil quatorze.

Marcher comme écrire.

Jérusalem le vingt septembre deux mil quatorze à seize heures trente.

Chant du minaret dans un ciel gris.

Anne Anne,
Lire à « saute-mouton ».
Cette phrase me vient en essayant de répondre à ton courriel qui cite la table de paysan en bois où Luc mange en regardant ton dos et en demandant de mes nouvelles, (je me permets de te charger de lui donner un salut), fait partir mon imagination dans mes propres tables de bois paysanne. J'aime la table des Chemirani à Saint Maime, placée à côté d'une vraie grande cheminée ancienne et du perroquet arrivé seul dans le jardin. Dans ce village du seizième siècle où, pour accéder à l'entrée qui est également la cuisine, il faut emprunter un escalier de vieilles pierres. Élisabeth est déjà tombée dans cet escalier. Ils hésitent à vendre cette belle vieille maison pour s'installer à Forcalquier dans un rez de chaussée. Leur hésitation vient de leur envie de laisser cette maison en héritage à leurs enfants, nés dans cette maison. Leur maison se trouve sur une pente raide. Leur jardin se trouve derrière. La pente monte jusqu'à l'église du douzième siècle, classée dernièrement monument historique.
Saint Maime, sur une petite montagne, regarde une autre petite montagne sur laquelle se trouve Dauphin, un autre très beau village ancien.
Quand je suis en France, les trois ou quatre jours que je passe avec eux sont les seuls où je me sens bien.
Les Chemirani sont partis de Paris, il y a plus de quarante ans. Je les visite souvent. Dans l’une de mes périodes hautes, qui étaient fréquentes, j'ai réussi à convaincre toute la famille, c'est à dire, Élisabeth, Djamchid, Maryam, Keyvan, Marjane, et Bijane, de manger des peaux de bananes frites, une idée qui m’était passé par la tête, en leur disant que le goût de cette friture rappelait les chips. Ils ont mangé et ont aimé. Je ne sais pas si c'était pour me faire plaisir.
J'ai vu grandir leurs enfants. Très souvent je les endormais en jouant de la guitare.
Ils sont tous musiciens. Si cela t’intéresse, tu peux les voir et les écouter sur « You Tube ».
Un rêve de quatre jours, ces moments passés avec eux… Maryam vit à Marseille. Pour arrondir ses fins de mois en tant que chanteuse, elle est aussi infirmière avec les bonnes sœurs de la « Charité Nouvelle » ; je ne me souviens pas si c'est le nom exact de l’institution. Elle attend d'avoir des cachets suffisants pour payer son loyer et faire vivre ses deux enfants, le grand garçon qui fait déjà ses études à Paris et Djahane, la petite fille qui joue de la guitare en souvenir des berceuses que je jouais à sa mère. Djahane navigue entre la maison de son père et celle de sa mère. Je l'aime beaucoup. Je lui ai offert en cadeau l'année dernière l'un de mes instruments iraniens que j'avais achetés lors de mon voyage.
J'ajoute cette information pour faire un nœud pour mon tableau, « Voyage, Amitié, Musique », et pour que tu ne perdes pas les fils de mes histoires.
J'espère ne pas t'ennuyer avec mon désordre épistolaire. Je suis content que tu n'aies pas à tenir les courriels dans tes mains comme des lettres, ces morceaux de papiers distribués par la poste après plusieurs jours. Ainsi tu ne fatigues pas ton épaule.
Il y avait beaucoup de « soixante huitards » réfugiés dans cette région, ayant fait retour à la terre, aux fromages de chèvres et à l'artisanat. Nous allions les rencontrer les jours de marché à Forcalquier.
Il y avait aussi le fils de Daninos, l'écrivain qui avait écrit « Les Carnets du Major Thomson », un livre que a eu beaucoup de succès. Il vivait sur une autre montagne avec sa femme et deux enfants. Il était très bon peintre. Il est mort il y a quelques années d'un cancer. Daninos était le meilleur ami de Djamchid.
Il faudrait que je m’attarde sur cette famille étonnante.
J'ai l'impression d'être une araignée qui court sur les fils de sa toile pour la consolider et qui n'a pas le temps de s’arrêter pour attendre les mouches qui auraient du faire son déjeuner.
Mon index droit se fatigue un peu. Je vais suspendre ce courriel en espérant le continuer plus tard dans la soirée.

AnneAnne,
Je descends du minaret pour reposer ma voix. Il est cinq heures trente.
Comment t'écrire et te remercier pour ton courriel, si ce n'est en n’écrivant pas, pour que sur ce sujet, le blanc de l'écran (puisque il n'y a plus de papier), soit immensément ouvert sur tout ce que je ne peux exprimer.
Tout ceci est un peu long et lourd, mais que faire pour ne pas briser l'élan…

Ychaï, aujourd'hui pas comme hier.


19 septembre 2014 Roger

Numéro vingt du dix neuf septembre deux mil quatorze.
Taper avec un seul doigt

Jérusalem, le dix neuf septembre deux mil quatorze à seize heures quinze.

AnneAnne,

J'espère que tu vas bien et que tu te donnes les soins nécessaires pour améliorer l’état de ton épaule.
Mes douleurs ont repris après avoir fait un mouvement qui n'a plu à mon épaule et m'oblige à écrire avec un seul doigt.

Cap Falcon.
Cap Falcon est une petite station, un petit village, avec des villas et des cabanons, un phare, quelques vignes, une petite plage de sable. Les maisons descendaient jusqu'au bord de la mer. Pour y accéder, se trouvaient des escaliers faciles à descendre mais très difficiles à remonter surtout aux heures du milieu de la journée.
Mes parents avaient loué pendant quelques années un très belle villa rose entoure d'un jardin où il n'y avait rien. Pas de fleurs ni de légumes jusqu'au moment où j'ai eu le désir de planter des radis qui sont devenus énormes et immangeables.
Cette villa était la première du village, très proche de la route, qui continuait sur d'autres très belles plages. Il fallait traverser quelques vignes avant d'y arriver et d'entrer dans « l'espace garage », un bout du jardin désert, pour garer la voiture (une « Versailles SIMCA »). J'ai appris à conduire cette voiture vers l’âge de treize ans dans ce petit espace en faisant démarrer la voiture avec une lime à ongles. Au début je ne faisais qu'avancer et reculer, car il n'y avait qu'un mètre devant la barrière et un mètre derrière.
Après quelques jours, je fus capable d'ouvrir la barrière et de conduire sur le sentier.
En principe, je me consacrais à cet apprentissage seul et aux heures de la sieste.
Cette petite route sentier descendait vers une cabane en bois où habitait un espagnol réfugié, venu s'installer seul après avoir fui le régime espagnol. Il vivotait de petite pêche et de réparations chez les vacanciers. Il venait chez nous faire des paellas immenses quand nous recevions de la famille. Je l'aimais beaucoup. J'étais heureux d'être avec lui et de partir sur sa barque pêcher les poissons qui devaient finir dans la poêle à frire. Il vivait là toute l'année et gardait les maisons. En haut de sentier qui rejoignait la route qui menait aux Andalouses, une bifurcation menait au phare. En allant vers la droite, la route des Andalouses tournant vers la gauche, cette avancée de rochers formait le cap.
C'était l'endroit pour la pêche avec mon père, au bout de cette avancée de rochers.
Je passais beaucoup de temps, des heures, dans l'eau, la plupart du temps seul. Je n'aimais pas rester sur le sable pour bronzer. Je partais me promener sur les rochers en attendant la dure remontée aux heures des repas. J'ai eu des aventures avec cette eau. La plus marquante fut d'avoir été pris dans un tourbillon où j'ai vu la mort, mais j'ai réussi à m'enfuir d'elle. Je n'ai rien raconté de cet épisode, par peur d'être privé de mes aventures avec l'eau.
La plupart du temps, ma mère conduisait quand nous partions d'Oran pour les vacances.
Ma mère, pionnière et parmi les premières femmes qui conduisaient à cette époque, était très tendue au volant. Je me tenais à l'arrière droit de la voiture, le côté avec la vue sur la mer. Je n'étais pas rassuré car la route bordait une falaise. Le moment où j'avais le plus peur était le grand tournant après Mers el Kabîr. Un tournant immense qui tournait pendant longtemps et où je me voyais tomber en observant les crispations de ma mère agrippée très fort au volant. Je pensais que si elle s'y agrippait si fort, c'était pour éviter la chute.
Nous passions les quatre mois des grandes vacances dans la villa. En Algérie nous avions quatre mois, la chaleur ne permettant pas de rester dans les écoles.
Ce sont les périodes où j'avais l'impression d'être plus heureux et plus libre.
Mon père nous rejoignait le soir après la fermeture du magasin.
J'ai d'autres aventures à raconter de ces séjours au Cap Falcon.
J'étais le petit garçon, seul dans la mer, regardant l'horizon, imaginant l'odeur de la liberté. La liberté de mes explorations dans les rochers, les vignes et le sable. J'avais l'impression de vivre dans une immensité qui, en réalité, n'était grande que de quelques kilomètres carrés. Mon imagination transformait un bout de terre en totalité du monde. Désert, mer, montagne, horizon, et le savoir que de l'autre côté, la France se trouvait, avec tous mes rêves de culture et de liberté.
Une petite digression historique:
Ma mère avait fait des études de théâtre. Elle avait rencontré dans ce cours une jeune femme qui plus tard deviendrait la femme de Camus.



AnneAnne,
Mon doigt de la main droite est fatigué. Je vais me reposer. Il a fallu du temps pour écrire, mais j'avais envie depuis deux jours de raconter l'histoire de la villa du Cap Falcon. Cap Falcon était aussi le nom qui était écrit sur les boites de sardines.
Bastos, le nom des cigarettes fabriqué en Algérie. Cela est une association d'idées et non la suite de l'histoire.
A bientôt, mon amitié fraîche, aujourd'hui avec le parfum du sel de la mer.
Ychaï.


14 septembre 2014 Roger 3

AnneAnne, 

Merci de ton courriel, Te lire est un instant de lumière!
Je réfléchis en te lisant  sur la différence entre la crainte et l'inquiétude.
J'ai imaginé que ton épaule avait empêché l'écriture ; l'inquiétude imagine d'autres choses.
La crainte vient d'un traumatisme plus profond.
J'imagine, je souhaite avec la chaleur de mon amitié que ton épaule se porte mieux !
Je t'écrirai plus tard, en attendant, le froid étant un peu arrivé, je frissonne de mieux en mieux.
Embrasser : en ouvrant les bras pour l'accueil.

A tout à l'heure.


Roger


14 septembre 2014 Anne

Cher Ychaï,

Oui, j'ai lu dans l’une de tes listes ta crainte de ne pas avoir de réponse.
J'ai mal à l'épaule à nouveau.
Je t'ai lu avec tellement de plaisir, riant, souriant, parfois émue, et toi si présent que je ne réalisais même pas que je ne te répondais pas.
Tu étais assis avec moi. Quel bons moments passés ensemble !
Ne m'en veux pas.

Je t'embrasse


AnneAnne

Je veux me remettre vite. Ecrire me coûte beaucoup. Je reprendrai tes mails plus tard et répondrai à chacun d'eux.
En attendant, frissonne, frissonne !
Ecris-moi surtout. Je trouverai tout ça dans un livre, je l'adorerai


14 septembre 2014 Roger 2

J'espère que tu vas bien ? J’imagine que tes occupations diverses te mobilisent.
Etant un homme inquiet comme sûrement je l'ai déjà écris, je me pose des questions.

Mes amitiés.

Ychaï




14 septembre 2014 Roger 1

Numéro dix huit du quatorze septembre deux mil quatorze.

Le début d'autre chose
Jérusalem le quatorze septembre deux mil quatorze à dix huit heures trente cinq.

AnneAnne,

Te lire est toujours une joie, atténuée par le chagrin de savoir que tes douleurs a l'épaule ne s’atténuent pas. J'espère à chacun de tes courriels recevoir l'annonce d'une amélioration et surtout d'une guérison.
Tous les soins que j'ai vécus depuis plus d'un an, m'ont permis de retrouver un genou et une épaule sans problème avec juste un petit point quand je fais un certain mouvement. Cela a pris du temps mais le résultat est fantastique. Je continue deux fois par semaine ces soins alternatifs qui me maintiennent en forme.
Comme je ne suis pas sélectif, j'accepte toutes sortes de soins qui me sont proposés ce qui me permet de sentir sur mon corps toutes ces mains expertes et différentes, d'être heureux que l'on s'occupe de moi. Mon corps est tellement reconnaissant aux personnes dont les mains expertes en « Chia Tsu » normal ou thaïlandais (pour ce dernier, le soignant appuie un peu plus fort), le « crano sacral », la réflexologie, toutes diverses sortes de massage (il y a un sentiment d'infini de sentir la grande quantité de différents mouvements que l'on me fait ou me fait faire). Ces généreux bénévoles, avec leurs grâces et leurs savoirs, ouvrent et font de mon corps à chaque fois et à chaque discipline, soit une rose épanouie, soit  sentir une habilité de tigre, une légèreté d'un papillon, une souplesse de chat. Sentir toutes les possibilités et richesses du corps, comprendre que nous utilisons qu'une infime partie, une très petite partie par rapport à ce que ces soignants nous font sentir et nous apprennent.
Je me souviens il y a trois ans, de cet état lamentable dans lequel je me trouvais. Un état où je devais réfléchir longtemps pour me lever et effectuer les mouvements les plus simples pour survivre, rester plus d'une heure pour prendre la décision de descendre les trois étages pour m'approvisionner, réfléchir, si vraiment je devrais faire ces courses vitales en sachant que le retour et la montée de ces étages seront un supplice.
Je ne me plains pas. Je considère que l'état actuel dans lequel je me trouve, je le dois à tous ces soins que m'ont prodigué les soignants de ce centre Yuri Stern.
Je ne sais pas si le récit de ma résurrection peut te réconforter et te donner des forces, mais je l'espère.
Ce n'est pas avec cette histoire que je vais te faire sourire.
Le petit froid est arrivé. Je continue mes tentatives de frissonner. Je m'aperçois que je suis résistant au frisson malgré toutes les fenêtres ouvertes et ma nudité.
Je confonds peut-être le frisson et la chair de poule. Je me rappelle avoir eu la chair de poule mais pas de frisson. J'ai lu dans les romans que le frisson était comme un petit vent sur la peau…
Je pense que je frissonne, que je veux frissonner, mais les jours passent sans frissons et sans chair de poule. Je ne me souviens plus pourquoi j'ai voulu frissonner.
J'essaye de me rappeler si on a des frissons quand on est amoureux, je me souviens du sentiment et de la sensation d'amour mais pas des frissons.
Dans ton dernier courriel, tu avais lié le frisson au le rhume. Depuis ton intervention, je garde dans l'attente du frisson, une casserole remplie d'eau avec des gouttes d’eucalyptus à faire bouillir au cas où mon nez coulerait pendant mes attentes.
Pour ne pas perdre cette préparation, je me fais des inhalations sans avoir de rhume mais par prévention, car les nuits sont de plus en plus fraîches, je dois donc fermer les fenêtres. Je dors beaucoup ces temps-ci en essayant d'attraper mes rêves. Je n'arrive plus à me lever la nuit pour écrire.
Je me désespère de ne pas pouvoir tenir ma promesse de classer et de corriger tous mes écrits. Je continue peu à peu le catalogue car je voudrais le mettre sur ordinateur. Je voudrais faire un tableau informatique. J'attends l'opportunité.
Comme tu as du le lire, j'ai perdu mon billet d’avion en ayant fait des erreurs dans le rédaction des dates. Je lutte avec la compagnie mais j'ai peur d'avoir à acheter un autre billet.
Je n'ai pas encore pris la décision. Je balance entre partir et rester. Selon les heures de la journée ou de la nuit, je médite sur le oui et le non, trouvant des prétextes pour partir et d'autres pour rester. Je devrais sortir de ce dilemme bientôt, suffisamment pour me donner le temps de digérer mon échec d'achat en ligne.
Je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai reçu une confirmation tout à fait fantaisiste.
J'ai passé des heures à mes frais, avec les employés anglais d'une perfection et d'une politesse rare de nos jours. Après que le premier employé ait abandonné l'espoir de me comprendre, j’ai fait appel à un employé qui parlait bien le français. Les employés ont vérifié, ne m’ont pas trouvé sur leur liste, puis ont conclu que je devais être inscrit en France. J'ai reçu le téléphone de leur succursale en France. Malgré la mauvaise écoute, l'employée française en France m'a communiqué un autre numéro qui n'a jamais répondu. Ayant passé deux jours à essayer de rattraper mon erreur, j'ai quand même abandonné les recherches. Ces deux jours passés au téléphone ont entravé ma correspondance et mon inspiration.
Une petite histoire de voyage non encore accompli.
Un courriel long en espérant ne pas t'ennuyer, aussi que tu ailles mieux avec ton épaule. Un petit mot (par exemple OK) serait un signe pour dissiper mon inquiétude.
J'imagine déjà que si je pars, je ne pourrais pas écrire aussi facilement que maintenant.
Mais que sais-je de plus loin qu'aujourd'hui.

AnneAnne,

Ne cède pas à la tentation d'écrire si ton épaule te fait mal, bientôt la technologie permettra d'écrire avec les yeux. Dans cette attente, je pense à toi, je t'envoie des amitiés papillonnantes pour aérer les douleurs.

 Ychaï.


mardi 26 juillet 2016

12 septembre 2014 Roger 2

Numéro dix sept du douze septembre deux mil quatorze.

Suite des suppressions

Jérusalem le douze septembre deux mil quatorze à treize heures quarante cinq.
AnneAnne,
Je n'ai pas supprimé l'attente et l'espoir, ma disponibilité, le travail de l’accueil, l'impatience, ma lecture rapide provoquée par un surplus d'électricité dans mon cerveau (certifié par les neurosciences).
J'ai toujours attendu l'autre, une venue, suivi un fil et une lumière que je voyais au bout du tunnel, attendu la révélation de l'amour et l'amitié, l’inter dévoilement de nos êtres, de voir le sourire s'épanouir dans le visage du passant que je croise.
J'ai supprimé non pas la mort, mais son idée, les tartes au citron et la crème chantilly, mon amour du cirque et de la mer, la chaleur du sable sous la plante de mes pieds (surtout le sable du cap Falcon), les huîtres, les oursins, les moules frites, le gigot d'agneau préparé par Pierre M., les sandwichs au jambon beurre accompagnés d'une tasse de chocolat sur le zinc d'un café, les douches à l'eau chaude, la croyance aux médecins et aux voyantes.
Cette croyance en la toute puissance des médecins et la vénération pour ces gens qui avaient pris la place de D.ieu dans la génération de mes parents.
Je n'ai pas supprimé la fatigue et les maladies dépressives, les coups que je me donne contre les coins de table en allant trop vite, la crème brûlée et la marche dans les rues le soir, la chaussette remplie de gros sel brûlant pour soigner mes angines, le rêve et le rire, les plis de mes lèvres et du coin de mes yeux quand je souris au bébé que je croise.
Je regarde les petits enfants que je croise dans les rues qui répondent spontanément ouverts et curieux. Les adultes ne supportent pas mes regards et détournent leur tête.
J'ai supprimé les ampoules avec à l'intérieur un coton qui brûle que l'on plaçait sur mon dos je ne sais plus pourquoi, le langage négatif, mes exploit d'acrobate au dessus du vide, l’obsession des jeux de flipper et de baby foot, l'habitude de marcher les yeux sur mes souliers et de me ronger les ongles.
Je n'ai pas supprimé les larmes, l'émotion, les chansons de Georges Brassens et de Jacques Brel, mon amour de Mozart et de Baudelaire, la fidélité à mes amis, le « toujours prêt » que j'ai appris aux scouts israélites de France, l'angoisse de ne pas recevoir de réponse, la peur de blesser par mes paroles et mes écrits, l'imagination et les suppositions négatives quand je ne reçois pas de courriels de mes amis, la peur d'être abandonné, les douleurs d'avoir été brûlé à vif à cause de mes amygdales, les piqûres et les électrochocs, de bouger les jambes en étant assis et de m'arracher les sourcils.
J'ai appris dernièrement que cette façon de faire relevait de problèmes neurologiques.
Mon cousin Claude B. a aussi ce « toc », de remuer les jambes. J'ai aussi repris cette mauvaise habitude après des années. Cette imitation proviendrait de l'action des neurones miroirs.
J'ai supprimé les pensées de n'avoir pas été aimé par mes parents, l'amertume de mes souvenirs, le sentiment d'avoir raté ma vie, du néant, de ma condition d'être le deuxième enfant, entre mon frère aîné et ma sœur.
Depuis quelques temps et la lecture de F. Jullien, je suis heureux de pratiquer « l'entre » et « l'écart », de me sentir comme un papillon, de faire un peu de guitare, de percussion, écrire, de la peinture, de la correspondance, de voir et de parler à des amies, d'avoir le projet de commencer la danse de contact.
Je n'ai pas supprimé l'odeur du métropolitain parisien, ma culpabilité, mes dettes à toutes les personnes qui m'ont aidé ou qui, simplement ont été là, la peur de la foule et des supermarchés, surtout des Prisunic, Monoprix, Mammouths, Carrefour, l'humidité des chambres de bonne où j'ai habité, la queue dans les bureaux des administrations.
Ai-je quitté Paris à cause de la grisaille et du métropolitain, de la tristesse des personnes qui prennent le métropolitain pour aller travailler à six heures du matin.
D'avoir sauvé ma vie en ayant compris que j'avais besoin de soleil pour clarifier ma tête.
D'avoir dans la descente, dans la chute de mon moi équilibriste attrapé au dernier moment le fil, la corde. Avais-je su qu'il n'y a pas de filet !
J'ai supprimé mes cheveux en me rasant la tête avec une tondeuse, les courants d'air, le nez bouché en faisant des inhalations d'eau bouillante avec quelques gouttes d'eucalyptus, l'usage des vêtements pas faits de lin ou de coton, ces matières de plus en plus difficiles à trouver.
La conversion de toutes les habitudes qui empêchent de vivre et de penser, d'être ouvert sans les barrières du langage et de l'éducation.
Jeter ses souliers et ses vêtements en rentrant dans son appartement sans les ranger. Manger et dormir quand on en a envie, saluer les personnes que l'on ne connaît pas, mettre une chaussette rouge au pied droit et une chaussette verte au pied gauche.
Offrir des fleurs aux ramasseurs de poubelle et aux éboueurs.
Je n'ai pas supprimé l'idée d'apprendre l'alphabet et les tables de multiplications, la langue hébraïque, la grammaire française, surtout les accords des verbes qui se suivent,
L'idée de fabriquer mes produits de nettoyage avec du bicarbonate de soude, de vivre en harmonie avec moi-même et de continuer à jouer de la guitare et du zarb, instrument de percussion persan.
A comprendre le maniement des logiciels pour qu’Anne soit fière de moi, à savoir faire une prise d'écran et de mises à jour, à savoir prendre un billet d'avion électronique, lire les conditions pour ne pas payer deux fois, à briser mes blocages devant les techniques sans perdre ma sensibilité, à écrire sans faute pour exprimer le mieux possible la profondeur de mon amitié pour AnneAnne.
Ce nom qui ne se veut pas symétrique, mais sonnant quand je l'écris comme une cloche d'un clocher que j'imagine ou comme les bols tibétains avec lesquels nous aurions joué ensemble si nous nous étions rencontré à Istanbul ou ailleurs.
Un courriel long, peut-être répétitif et ennuyeux mais dans l'assurance et l'espoir de te faire sourire.

Ychaï.
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12 septembre 2014 Roger 1

Numéro seize du douze septembre deux mil quatorze.

Liste des suppressions

Jérusalem le douze septembre deux mil quatorze à douze heures quarante cinq.

AnneAnne,

Un silence d'un jour pour cause de fatigue. Tout ce que j'ai écrit dans ma tête, naturellement, a été oublié ou est descendu dans les profondeurs.

Liste des suppressions :

J'ai supprimé : le pain, le lait de vache, presque les voyages, le rasoir à lame et le rasoir électrique, voir des films au cinéma ou sur l'ordinateur, la télévision mais pas tout à fait la radio transistor, les glaces et sorbets, surtout au chocolat, malgré ma fascination pour le blanc et le froid. Se reporter à mes précédents courriels.

Je n'ai pas supprimé l'amitié et l'amour, la soif d'apprendre, les kilos en trop, la rencontre et le contact, la vue intérieure et la vue des mamans avec leurs poussettes.

J'ai supprimé les lunettes de vue mais pas de soleil, le savon et le shampooing pour raison écologique, les parfums et la viande, les farines, le vin et les alcools, et les croissants au beurre.

Je n'ai pas supprimé ma curiosité, mes envies, mes désirs, mes rêves et mes espoirs, les « O méga trois », les sardines et les maquereaux en boites à l'huile d'olive, les vieux papiers et les factures.

J'ai supprimé les sous-vêtements pour cause de santé, les statines et le micropirine, la friture, la natation et la voiture, les invitations à déjeuner, la lecture des lettres de la banques et des factures.

Je n'ai pas supprimé mes doutes, mes répétitions, mes manies, une certaine nostalgie, la croyance au changement, la couleur de mes yeux, les cauchemars et mes fantômes, les envies de dormir quand je suis fatigué.

J'ai supprimé certaines habitudes, mais pas toutes. Le rêve de l'absolu. Les rencontres à plusieurs, les invitations en général et le poivre.

Je n'ai pas supprimé le café, le désordre physique et mental, la façon de bouger les jambes quand je suis assis, la vitesse de mes actions, le défaut de faire plusieurs choses à la fois, l'huile de l'arbre à thé.

J'ai supprimé la mauvaise térébenthine, la lessive, le dentifrice, les heures des repas, la régularité du déroulement des jours et des nuits, la quotidienneté, la course après l'autobus.

Je n'ai pas supprimé la mauvaise habitude de traverser en dehors des passages autorisés, pas supprimé entièrement le sel, le souvenir de l'enfance et les vacances à Cap Falcon, au bord de la mer, le goût du sel marin sur ma peau.

J'ai supprimé les grands repas, les assemblées de plus de deux personnes, les associations politiques, les journaux et les magazines, l'écoute de Jacques Lacan, la pensée d'être ailleurs, l'aspirateur qui fait du bruit, le plastique et le chewing-gum.

Je n'ai pas supprimé l'odeur des mimosas du jardin de la villa des parents de Michèle B., le goût des poivrons rouges séchés au soleil et conservés dans des bocaux en verre avec de l'huile d'olive, gardés pour la consommations des fêtes de Pâque, le vide au-dessous de mes pieds.

J'ai supprimé la fausse tristesse et la fausse nostalgie, le talc parfumé, les ampoules qui ne sont pas économiques, ma façon de marcher les yeux fixés sur le sol, la crispation de mes épaules.

Je n'ai pas supprimé les démangeaisons, la peur de me regarder dans un miroir et d'arriver en retard aux rendez-vous, la tristesse de ne pas réaliser toutes les promesses que je me suis faites, la jalousie et la comparaison.
À suivre…mes yeux se ferment.

Je te souhaite une bonne nuit et un bon réveil, avec mon grand bon jour.

Ychaï


lundi 18 juillet 2016

9 septembre 2014 Roger

Numéro quinze du neuf septembre deux mil quatorze.

Vrac et copier -coller

Jérusalem le neuf septembre deux mil quatorze à quinze heures.

- A : J’ai trouvé encore mieux.
Un site en ligne, avec un tas de tutorial.

- R : Merci. Je pense que c'est celui-là que je vais étudier. Merci de tes efforts pour m'aider malgré tes douleurs à l’épaule. J'ai oublié si c'est l’épaule gauche ou la droite.
Je pense que je suis aussi aphasique et dyslexique.
Je ne m'en aperçois que maintenant.
Je ne savais pas que tu avais été infirmière.
Ychaï

AnneAnne,

Après ce long courriel où, malgré ma souffrance empathique pour ton épaule, j'ai apprécié tous tes conseils.
 J’admire ton courage. Je suis ému de ton attention.
Je me permets de faire un « copier coller » pour être certain d'essayer de pouvoir répondre le mieux possible.

- A : Cher Ychaï

Quel plaisir de te lire : ton courriel de vrac en vrille. L'impression, justifiée, d'être un témoin privilégié de ta vie.
Si tu arrivais à faire une frise chronologique (oui, je vais apprendre et je vais le faire, sans promesse extrême) ce serait génial, mais je n'oublierai jamais ce plaisir d'ouvrir ma boîte aux lettres et d'attaquer l'épisode du jour en tapant du pied quand c'est déjà fini.
Bon, passons à des choses TRES sérieuses, je suis infirmière, tu te souviens ? 
Non, tu ne l'as pas écrit, je ne me souviens pas l'avoir vu sur ton « blog ».
Et qui toute sa vie a eu quelques kilos de trop. Perdus, repris, perdus, repris. Autant te dire que j'en connais un bout sur la question. Je te crois, je crois à ta connaissance, « co – naissance ».    
Les frissons comme moyens de maigrir, ha ha ! Si ça marchait ça se saurait ! Excellent moyen pour t'enrhumer, ça c'est sûr !

- R : Ce qui me plaît, c'est le mot « frissons» et d'avoir appris qu'il y a la graisse brune et la graisse blonde et d'imaginer. Je vois le combat des graisses, et la victoire du brun sur le blanc malgré mon amour du blanc.
Frissonner de bonheur sans rhume et ne pas voir les bourrelets qui me font souffrir sous les aisselles et les aines et que je dois soigner par des applications de glace en étant allongé ou en étant assis devant l'ordinateur. Je m'effraie de moi-même en passant devant une glace. Mes deux jours de jeûne consécutifs m'ont fais perdre 3 kilos, bien que ma balance soit fausse. Mais j'ai l'habitude de rectifier mentalement. La balance du docteur D. donne deux kilos de plus. Je suis considéré comme obèse par la sécurité sociale de ce pays.
Donc après ce jeûne, je suis passé de soixante dix kilos sur ma balance à soixante sept.
Je lutte donc aussi avec ma tête et mon corps, car je me suis donné soixante cinq kilos comme but.
Avant de lire ton courriel qui me donne à réfléchir, j'ai acheté des pommes pour faire une cure de pommes au four d’une semaine pour tenir ma forme. A la place de ma descente dépressive, je fais une descente de poids. Cela me rendrait heureux.
Comme je ne veux pas perdre ces pommes, je ferai cette cure, mais en incluant le plaisir de manger du « Chocolate Flavored Carob Spread ». Je suivrai tes conseils. Sans dire « merde ».
Comme précision supplémentaire, les trois cent milligrammes de « Wellbutrin » - Bupropion hydrochloride – de  fabrication allemande m’ont redonné le rire et mes deux cent milligrammes de « Lamotrigine ».
Je me permets d’ajouter à ta connaissance ces détails, ayant appris tes qualités d'infirmière.
La femme de Djamchid Chemirani est aussi infirmière, ainsi que leur fille aînée, Maryam.

- A : Concernant l'amaigrissement, il faut que tu saches que passée la cinquantaine, (oui, j'ai passé la soixantaine depuis longtemps, mon anniversaire était la semaine dernière -Vierge-) il est très difficile, non pas seulement de maigrir, mais également de ne pas prendre de poids. Regarde autour de toi, combien de jeunes hommes que tu as connu filiformes et fringants se sont empâtés et ont vu leur silhouette disparaître, enrobée de graisse blanche et de toutes les couleurs. 

-         R : Oui, tu as raison, mais, en ce moment je ne vois pas de jeunes gens, à part les danseurs et danseuses anthroposophes qui sont comme tu écris : filiformes et fringants.
Je vois André que est devenu maigre comme un vieux poulet à cause de sa maladie.

- A : Il y a une raison très simple. Le métabolisme basal (nombre de calories utilisées pour faire fonctionner le corps) se ralentit avec l'âge. Une même ration alimentaire qui ne faisait pas grossir, deviendra trop riche et entraînera une prise de poids. Il y a aussi des hormones qui sont sécrétées en moins grandes quantités et qui font que les graisses sont moins bien brûlées par l'organisme.

- R : Je me suis toujours brûlé et fait brûlé par la vie et l'amour. J'aime le feu, les flammes, des feux de camps…
En Algérie, nous avions des cheminées de style mil neuf cent vingt. Elles servaient à garder les bouteilles de vin doux que mon oncle Albert Karsenti fabriquait. Nous ne faisions pas de feu dans ces cheminées. Elles se fermaient avec un petit rideau de fer que l'on coulissait. Une cheminée par chambre. Il y avait des cheminées aussi rue de Picpus, à côté de la place de la Nation, où j'ai brûlé en mil neuf cent quatre vingt beaucoup de papiers avec de quitter cet appartement et d’avoir dispersé l’ensemble et les élèves avec qui nous avions formé une petite communauté. Nous avions loué avec mes élèves cet appartement au rez-de-chaussée pour vivre en commune.

- A : Le jeûne.
C'est une hérésie de croire que jeûner fait maigrir ou perdre des graisses. Ce que l'organisme va utiliser en premier, ce sont ses propres protéines. Ce qui va produire des toxines en plus grand nombre que celles que tu es censé éliminer. Tout poids perdu par le jeûne est souvent repris, avec en prime un « bonus ». Parce que quand tu recommences à manger, tu vas assimiler beaucoup plus qu'en temps normal. Tu as déréglé le fonctionnement normal du corps. Le temps qu'il reprenne son rythme, il va fonctionner anarchiquement et dans le mauvais sens pour la balance. DONC A PROSCRIRE ABSOLUMENT SURTOUT A TON AGE, (oui, mon âge, mais connais-tu mon âge ou as-tu deviné?) avec des problèmes cardiaques. Pour que ton cœur fonctionne bien, il faut que tu aies un apport constant de ce qui permet à l'influx électrique de le stimuler. J'ai subi une opération à cœur ouvert en mil neuf cent quatre vingt dix neuf avec trois pontages, une opération de sept heures et demie. Cela m'a permis entre autres d’arrêter de fumer comme une névrosée et de repartir dans ma vie. Apport constant, c'est-à-dire essentiellement du potassium que le corps va trouver dans l'alimentation régulière de la journée. J'essaye de manger une banane par jour écrasée comme l'on fait pour les bébés. Quand tu jeûnes, il n'y a plus rien qui arrive, le corps en récupère en dégradant des cellules.
Le seul jeune que tu peux pratiquer, et pas de façon régulière, disons un jour ou deux par mois, est celui-ci. D'abord il faut rester allongé pour éviter la fatigue et que le corps puise trop dans ses réserves. Ensuite il faut boire, au moins 1 litre et demi, et manger uniquement du raisin. 
Cette semaine je m'allonge souvent en écoutant De Libera. Je vais manger des pommes au four à satiété au lieu de raisin organique que est cher encore pour la saison. En général je bois cette quantité que tu as indiquée. Nous sommes dans un pays chaud. Tu ne perdras pas un gramme, mais tu nettoieras ton corps.
Toute personne qui préconise le jeûne comme moyen de maigrir est un charlatan qui se fait des « couilles en or » avec la crédulité et l'espoir de ceux qui voudraient retrouver une silhouette qu'ils ont perdue, parce que c'est la vie, tout simplement !
Oui, une belle métaphore avec l'or, mais je ne suis pas nostalgique de mon corps jeune, ni de ma silhouette, j'apprends seulement maintenant à m'aimer. Il serait temps, vu mon âge. Je n'ai pas grandi intérieurement. Je me sens comme ce petit garçon que je n'ai pas pu tuer et qui m'a conservée, c'est à dire éviter le suicide que la bipolarité très souvent provoque. A développer.

- Le seul moyen de perdre du poids est de changer ses habitudes alimentaires.
Chère amie,
Je ne fais que changer et changer aussi mes habitudes alimentaires physiques et mentales. C'est ainsi que toute ma vie change et a changé car je n'ai pu m'installer nulle part. A développer aussi.
ATTENTION
Ne pas faire un régime qui va trop bousculer tes habitudes en une seule fois. Sinon tu vas vite craquer. Préserver la notion de plaisir. S'autoriser, en bonne compagnie, un écart de temps en temps, mais en passant vraiment un bon moment. Éviter les écarts solitaires ! Culpabilisants.
J'ai du mal à trouver ici de la bonne compagnie. Je travaille souvent à ne pas me culpabiliser. J'ai eu des périodes où je me suis imposée un régime sévère qui a fait tomber mon cholestérol à zéro.
J'ai un peu, beaucoup lâché la bride. J’ai eu des périodes de folie avec les croissants de France en France.
Supprimer les sucres rapides, c'est à dire ce qui a le goût sucré, (à l'exception de fruits frais), éviter l'aspartame ou tout édulcorant même soi-disant naturel, l'alcool.
Manger des sucres lents (pain, pâtes, riz et toutes céréales) qui calent et vont s'assimiler lentement au lieu de brûler tout de suite comme le sucre.
Ne pas supprimer toutes les graisses, mais privilégier les bonnes. Plus de charcuterie. Beurre en quantité microscopique, huile d'olive 1ère pression à froid à utiliser sans la faire cuire.

Faire cuire à la vapeur, rajouter un filet d'huile d'olive.
Avoir une poêle « Tefal » pour cuire sans graisse.
Ne pas faire de régime végétalien, trop de carences.
Dans le végétarien, savoir que tu as ta dose de protéines avec deux cuillères à soupe de lentilles CUITES + six cuillères à soupe de quinoa CUIT.
On peut supprimer les laitages sans risques si on fait du végétarien bien équilibré, avec du poisson, un peu de viande maigre, des algues et surtout associer céréales et légumineuses. Avec des variantes, c'est la base de la nourriture de tous les pays pauvres.

- R : Je ne mange plus de sucre depuis dix ans. Pas de pain ou de farine, pas d'alcool, plus de laitages si ce n'est de chèvres. Aucune vache ne m'approche de moi sauf de temps en temps quand je suis chez mon cousin Claude avec un peu d'anisette « Phoenix ». Pas de gâteaux, sauf quand je déprime et chez mon cousin Claude avec le café et aussi parce qu'il me déprime. J'ai commencé à manger des algues, et aussi du Quinoa blanc ou noir. Je te donnerai mes recettes. Je fais beaucoup de lentilles : lentilles oranges que je fais germer avec des petits haricots, des petites noirs excellentes, des vertes avec beaucoup de Curcuma et en improvisant sur la recette marocaine que m'a communiqué mon élève marocain par sa mère et polonais par son père. J'en fais toujours trop et je congèle les soupes excellentes que j'improvise.
Des haricots rouges trempés pendant toute une nuit. Je les fais cuire dans de l'eau le matin, je les mange à midi sans assaisonnement, en pensant au film de Charlie Chaplin.
Je me sers du bicarbonate de soude pour me laver les dents à la place de dentifrice, une fois par semaine.
J’alterne ce lavage et brossage de dents avec de l'huile de l'arbre à thé.
Tous les produits que j'utilise maintenant sont tous organiques, y compris l'huile d'olive. La coopérative des danseurs me fait profiter de leurs prix, je leur commande tous les trois mois les produits de base. Ils ont sauvé ma vie financière.
Je ne mange plus de viande. A mon dernier voyage en France, poussé par un souvenir, j’ai mangé une entrecôte à la brasserie Sarah Bernard, au Châtelet. J'ai regretté d'avoir mangé cette entrecôte avec des frites. A mes autres derniers voyages, j’invitais Itamar, la fille de Yossi Urshalmi, à déjeuner dans ce café.
Je mange des légumes orthodoxes végétariens, du choux vert et rouge avec une goutte d'huile d'olive, une carotte organique avec la peau, la peau aussi organique lavée et essuyée, des courgettes légèrement cuites au four ou bouillies très légèrement, de petits concombres,des oignons crus… Beaucoup de légumes crus. Le matin une olive noire qui vient du kibboutz « Neot Semadar » situé dans le désert à côté d'Eilat. Il a été fondé il y a vingt ans par des élèves de Gurdgief et de Krishnamurti. J'y ai été invité il y a trois mois. Après avoir fait un scandale, m’étant révolté contre une de leurs lois ; celle de ne pas parler au réfectoire. Notre groupe de Jérusalem avec qui j’étais parti, s’était réuni pour une discussion le soir avec deux responsables de notre séjour. J'ai essayé d'expliquer et d’argumenter calmement avec l’un des dirigeants. Parler dans les repas, cela nous sauve d'être des ruminants. La parole était le plus beau cadeau et la noblesse de l'être humain. La deuxième naissance et la deuxième séparation provoquées par la mère. Ces deux actes de séparation pour nous aider à devenir nous – mêmes. Nous détacher du sein maternel en remplaçant le contact charnel par le souffle de la parole. Le miracle du lait maternel est qu’il est toujours frais, fabriqué seulement pour le bébé. Ce n’est pas du lait fabriqué industriellement, il est donné, créé uniquement grâce à la relation du bébé avec sa maman.
Cette parole adressée au bébé, lui permet de supporter la séparation et l’éloignement avec le corps de sa mère et le sein nourricier. Elle permet de remplacer cette nourriture (le lait du sein) par la parole et de rompre ce lien et cet attachement. Pour moi, c’est une seconde naissance.
Le dirigeant, après mes efforts d'explication, qui étaient calmes de mon point de vue, m'a donné raison. Quand je lui ai annoncé mon départ le lendemain matin, j’ai senti qu’il a été soulagé.
Ce kibboutz, « Neot Semadar », est un paradis au milieu du désert. Il produit les meilleurs produits du pays, vendus très cher. Histoire aussi à poursuivre.
Je te raconterai l'origine de cette invitation.
Il y a quelques mois, Carine m’a proposé de participer à des réunions dirigées par Meïr. Meïr était envoyé par le kibboutz pour parler de la vie et de l’idéologie de ce kibboutz. Marion, l’amie de Carine, que je connais depuis plus de vingt cinq ans, avait visité ce kibboutz, était revenue enchantée, avait mis sa maison à la disposition de Meïr pour nos réunions.
(Développer cette histoire ultérieurement).
Je reprends le fil de mes régimes alimentaires.
Je mangeais encore, il y a deux ans, quelques poissons congelés, en les cuisant dans un peu d'eau avec du curcuma. Je ne mange plus de poisson frais, si ce n'est une boite de sardines ou de maquereaux de temps en temps. J’ai lu que les seuls poissons que les hommes n'ont pas encore empoisonnés sont les petits poissons qui se reproduisent en énorme quantité.
Mes menus sont simples. Je crois aussi, cette croyance est peut – être une illusion, qu’ils sont assez équilibrés. Depuis trois ans, la venue dans mon studio de « Orpheus », le nom de l'école de danse qui partage le studio, rue Haoman, dix huit, m’a permis de profiter de la coopérative.
Pour cuire les lentilles, je me sers d'un petit verre (avec lequel je prends mon café) pour les mesures.
Avec l'olive, le matin, je mange cinq noisettes, six amandes et une grosse noix (Macadamia) d'un pays dont j'ai oublié le nom, deux noix de Grenoble et une noix qui ressemble à celle de Grenoble pais plus brune, de je ne sais pas où.
Une ou deux fois par semaine, je prends un bol de flocons d’avoine, j'ajoute des raisins secs, avec d'autres fruits secs, du jus concentré de vraie grenade, une tranche d'ananas sec (pour les fibres). Je fais tremper toute la nuit dans du lait d'amande douce ou d'autres types de lait (lait de soja…).
Je bois pour commencer la journée, un jus de citron le matin à jeun avec une moitié d'eau chaude et une moitié d'eau froide, quelques gouttes d'huile d'olive et deux grains de poivre noir.
J'ai recommencé à boire du café dernièrement, j’aime beaucoup le café depuis l’enfance. Cet amour, devenu un peu obsessionnel, me fait boire trois ou quatre, et même plus, petits verres par jour.
Je ne veux pas t’épuiser avec mes menus, mais je continue.
Écris-moi quelques mots pour que je sache l'état de ton épaule.
- Le cholestérol :
Il y a des médicaments, là aussi l'alimentation va faire la différence. Les œufs sont à proscrire, le jaune est du cholestérol à l'état pur.
J'ai recommencé à manger les œufs, ayant lu dans les newsletters sur la santé que je reçois, des avis contradictoires.
J'aime les œufs, le jaune et le blanc, au plat. Tali m’avait conseillé d’écrire et d’illustrer une histoire à partir de mes pensées sur l’œuf. J’ai donc peint et écrit « le Livre des Bébés Jusqu'à Cent Vingt Ans ».
Il y a le bon et le mauvais cholestérol dans les aliments. Je n'y comprends rien, mais ton médecin saura t'expliquer cela de long en large.
Mon médecin, le docteur D. m'aime beaucoup. Il a joué de la guitare dans son enfance, à l’air de prendre à cœur ma vie et ma santé. Il m’engueule fortement quand mon mauvais cholestérol monte. Il me donne des médicaments, je ne les prends pas, et je ne le lui dis pas.
Je prends des compléments alimentaires du Laboratoire Lescuyer de France.
Je te ferai une liste des médicaments plus tard. Je sens que je commence à aimer faire des listes et des fils.
Liste des médicaments. Liste des instruments que j'ai appris. Liste des amis que je n'ai pas ou plus revu. Etc.
TU VOIS, PAS DE MIRACLES : ne pas les voir mais croire, comme dans le fait de pouvoir se lever le matin. Ne  pas trouver le fait de se réveiller normal, car il y a aussi beaucoup de chances de ne pas pouvoir se réveiller.
Il est écrit que quand la Mort vient nous prendre dans le sommeil : c’est le « Baiser de D.ieu ». Je n’ai pas les références exactes. Je sais qu’il y a une catégorisation des formes de mourir. Je devrais demander à mon ami, le Rav Guggenheim, les références sur la liste des façons de mourir.
En réponse à ta thèse sur les frissons :   
- Laisse tomber les frissons (tu m'as bien fait rigoler avec celle-là). Les frissons c'est comme l'écume, c'est doux.
- Le jeûne sauf comme je te l'ai décrit : je voudrais être comme Milarepa, dans sa montagne, il ne mangeait que de l'herbe, est devenu vert. C'était un grand saint hindou. J'ai installé de la fausse herbe sur le balcon, de l'herbe synthétique pour avoir des couleurs, non pas pour faire comme Milarepa, manger l’herbe, mais pour avoir la couleur verte. Des petites astuces pour lutter contre la dépression.
Il y a des trucs qui sont sans impact quand on a vingt ans et que le corps supporte toutes nos conneries. A nos ages PRUDENCE
Je peux t'aider en te disant ce qui est bon et pas bon. 
Merci et j'essayerai de suivre tes conseils car je te lis et je t'écoutes dans le sens d'entendre, de comprendre, prendre avec.
Contre l'indigestion de conseils, sortir sur le balcon, prendre une grande respiration et crier AnneAnne tu m'emmerdes ! Je peux pas crier je t'emmerde, mais je peux sortir sur le balcon et respirer
Je tendrai l'oreille, sois en sûr ! Tu peux tendre l'oreille pour m'entendre chanter car je suis des cours sur internet.
J'ai l'impression d'avoir écrit un courriel déchaîné depuis la prise de W. (l'augmentation de Well). Je pourrais continuer car je n'ai pas écrit le centième de ce que je voulais te raconter.
AnneAnne,
Merci pour tes conseils et l'attention que tu me portes. L'attente, cette qualité avec la patience. Pas de soi-même sans un autre.
Sans utopie et sans miracle ou même avec, mais surtout avec mes plus grands souhaits et mon amitié, porte-toi bien et que ton épaule se guérisse pour que tu écrives et que tu racontes les histoires.

Ychaï