mardi 6 septembre 2016

21 janvier 2015 Roger

Vingt et un janvier deux mil quinze. Une heure trente huit.

AnneAnne,
Malgré les appels du muezzin, je n'ai pas pu écrire.
Bouleversé, émotif, d'une grande fragilité.
J'ai rendez-vous avec le Docteur L. ce jeudi. 
Dormant assez longtemps, la pilule aidant, très nerveux et sans aucune concentration dans la journée.
Je pense à toi, dans le silence, le silence de l'écrit et non de l'esprit. Un esprit où les fils s’entremêlent. Je n'ai pas eu de nouvelles de ta dernière visite à ton médecin.

Retour de Shiraz. Descente vers la Turquie.

Ai-je déjà écrit notre départ de Shiraz vers Téhéran ? Pour l'instant, je ne me rappelle que la descente du plateau iranien vers les plaines de la Turquie.
Est-il probable que ma tristesse de devoir quitter la Perse provoqua mon accident?
Une cicatrice à côté de l’œil droit qui, en me regardant dans une glace de temps en temps, je n'aime pas trop me regarder, fait remonter en moi toutes les images de ce voyage.
En prenant un virage sur la gauche sur ma moto, transportant deux passagers, j’ai dérapé sur du gravier, posé là sans intentionnalité.
Après un saut périlleux, nous nous retrouvâmes à terre, mon œil saignant, et avec quelques contusions. Mon passager resté en bon état, mais était effrayé.
Sonnés, encore à terre, un autobus rempli de touristes anglais, s’arrêta. Les accompagnateurs de ce groupe descendirent et nous secoururent.
Sonnés, encore à terre, un autobus rempli de touristes anglais, s’arrêta. Les accompagnateurs de ce groupe descendirent et nous donnèrent les premiers secours. J'admire depuis ce temps, l’efficacité et l’organisation parfaites des anglais. Pensant à ce sauvetage, monte avec ce souvenir l’efficacité de leur colonisation en Inde, tout en ayant laissé les indiens garder leurs traditions. Je suis reconnaissant de leurs efforts et de leur gentillesse.
Ils nous firent monter dans l'autobus et chargèrent la moto à l’arrière de leur véhicule.
Ils nous amenèrent dans le plus proche hôpital qui se trouvait dans une petite ville après la frontière.
Les infirmières me recousirent, nous donnèrent une chambre. La peur nous prit au milieu de la nuit, nous nous sommes enfuis. Je ne me rappelle pas comment nous avons atterri dans une gare où, après mille hurlements, nous avons réussi à charger la moto dans le train et à trouver des places pour nous asseoir dans les filets pour les bagages. Nous avions dans ce compartiment bondé, poussé les passagers, escaladé la banquette, pour nous asseoir dans les filets.
Nous sommes arrivés à Athènes et avons trouvé un bateau pour Marseille. 
Nous avons acheté le droit de rester sur le pont avec la moto accidentée. Nous n'avions presque plus d'argent. Le voyage jusqu'à Marseille durait plus d'une journée, j'eus l'idée de raconter des histoires (dans quelle langue ?) pour pouvoir manger.
Les passagers nous apportèrent de la nourriture en guise de récompense. Nous avions plus que la quantité nécessaire. Ainsi, nous avons pu faire participer à nos repas les autres touristes désargentés.
L'arrivée à Athènes ne me laisse que le souvenir de notre visite aux restes du Parthénon sous un soleil de plomb.
J'avais eu un bon auditoire pour mes récits et pour la musique que je leur jouais.
Dans le voyage pour la Perse, dans l’un de nos arrêts, j'avais joué de ma guitare, assis sur un parapet du port de Dubrovnik. Un très bel endroit où j'ai eu l'impression d'avoir très bien interprété mes morceaux. Un des moments heureux de mes concerts.
Deux heures neuf.
La suite, si tout va bien, sera le récit de mon séjour de récupération dans ma famille.
Je leur empruntais de l'argent pour acheter un billet de train pour mon passager Serge qui voulait retrouver sa famille et ses amis à Paris. Il avait passé de bons et mauvais moments dans ce voyage. Ces moments ont provoqué un refroidissement dans nos rapports. 
Après quelques jours, ma moto étant remise en état de marche, je pus reprendre la route pour Paris.

AnneAnne,
La musique de mes souhaits pour un état de santé meilleur et durable.
Je rêve que le souhait soit performatif.
Avec la musique, sur l'onde, je fais partir une amitié chaleureuse et l'émotion de te lire.
Ychaï.
Deux heures dix huit.

Roger Bénichou-YchaÏ


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire