jeudi 1 septembre 2016

11 decembre 2014 Roger

Le onze décembre deux mil quatorze à huit heures dix.
Jérusalem voie Hébron.

Sur Guy

AnneAnne,
J'avais rendez-vous avec Guy, mari de Nicole B., qui habitait au deuxième étage de la maison, au dix rue Pélissier. Nicole vivait avec sa famille. Sa famille  et la mienne étaient les seules locataires ayant des enfants dans cet immeuble. Nous étions donc naturellement portés à devenir des amis et à jouer ensemble. Le père de Nicole était médecin, il louait tout le palier du deuxième étage, un  appartement pour sa famille, un autre pour exercer ses fonctions. Les appartements étaient séparés. Ils avaient chacun leur porte.
Par contre, l'appartement de mes parents n'avait qu'une porte. Il occupait sans séparation toute la surface du haut de l'immeuble avec seulement quelques petites différences par rapport aux autres appartements de cet immeuble.
L’appartement de fonction du père de Nicole et de Daniel, comprenait deux pièces de plus que le nôtre, pièces situées à chaque coin final de l'immeuble. L'espace de ces deux pièces, à notre niveau, était occupé par ce que nous appelions des terrasses. Celle de gauche, en sortant de notre appartement, était bordée de petites constructions qui servaient de débarras, remplaçant le rôle de caves. Il y avait aussi un grand espace vide, où se trouvaient les fenêtres des appartements au-dessous. La terrasse de droite, en sortant de notre appartement, était vide. Elle permettait d’accéder au toit. Les toits en Algérie n'étaient pas construits comme en Europe, en pentes et avec des tuiles. C’étaient des terrasses. En général il s’y trouvait une petite pièce que servait de buanderie. J’ai retrouvé ce style en Tunisie aussi.
La buanderie, c’est le lavoir des villages français.
Ces terrasses étaient mes terrains de jeux préférés et celles de mes délires.
J’ai rencontré Guy après une longue absence de relation.
Nous avons passé deux heures autour d'une pizza et d'une bière à parler. J’aime transgresser mes idées de régime. Guy est atteint d’une maladie des yeux. Il ne voit que sur les côtés et ne peut pas lire. Il m’a demandé de lui lire des articles et des livres. Ses dernières préoccupations sont les livres sur l'histoire de l'Islam : histoire philosophique et histoire de la pensée du Coran.

Je sors avec beaucoup d'énergie de ces rencontres où dans le fil de la conversation apparaissent des souvenirs des années mil neuf cent cinquante deux, l’année de notre rencontre en Algérie.
Guy et Nicole sont en Israël les personnes qui me connaissent depuis les années les plus anciennes de ma vie. Daniel Eps., André H. sont apparus en mil neuf cent cinquante six, l’année de mon arrivée à Strasbourg.
J'ai retrouvé Guy A., Nicole B., Daniel E., André H. après de longues années dans le pays où je réside actuellement, en Israël.
Mes relations avec Guy n'ont pas été aussi belles. A l’heure actuelle, je suis moins effrayé par sa manière de penser, mais plutôt ému par sa grande générosité et la qualité de son écoute.
Cette rencontre par hasard avec Guy, déjà relatée, dans le café « Chez Isaac ».
Je me trouvais avec Sharona autour d’une table et je faisais de grands gestes de bras pour lui répondre. Mon coude a heurté Guy, assis à une table à côté, qui s’était retourné pour mettre des noms sur des personnes parlant Français.
Je raconterai plus tard la rencontre avec Guy, aussi par hasard, à Paris, rue Saint-Jacques. Je me préparais à entrer à la « Schola Cantorum », quand un coup de klaxon et à l’appel de mon nom, crié par Guy, m’arrêta. Guy se trouvait dans sa camionnette, avec David Z. A cette époque, nous fréquentions les mêmes cafés, le « Sélect » et la « Coupole ». J’y passais mes soirées, sans les avoir aperçus dans ces endroits. J’avais connu la sœur de David Z., Messodie, dans le café le « Sélect », où nous nous réunissions les soirées avec Dadou, Loulou, et d’autres amis.
Après quelques mois de vie ensemble, j’ai voulu épouser Messodie.
Un temps passa après la rencontre avec Guy et David Z., rue Saint-Jacques, et la rupture avec Messodie. Je ne les revis qu'en mil neuf cent quatre vingt, encore par hasard. A la sortie d’une conférence donnée au centre Rachi, David Z. réapparut dans mon horizon.
En mil neuf cent quatre vingt un, je revenais de mon exil d'un an dans le sud de la France. J’étais perdu, sans lieu, ne sachant vers quel pays partir.
David entreprit de me convaincre de participer à son projet de fonder une école itinérante un Israël. Guy et sa famille avaient déjà effectué leur montée en Israël.
La proposition de David Z. contribua à ma décision de départ.
M’étant persuadé de l’intérêt de ce projet, j’ai outre passé mes intuitions et mes critiques sur David Z., en prenant la décision d’accepter de travailler avec lui.
J’avais rencontré, au cours d’un concert donné au Centre Beaubourg, dans le cadre de la culture judéo – espagnole, le poète Edmond Jabès.
Ses livres, sa forte et aimable personnalité ont contribué aussi à mon départ vers le désert. Ce désert du Sinaï.
Après plusieurs années d'attente, croyant qu’un projet peut être finalisé, j’ai compris mon erreur et j’ai abandonné le projet de David.
J’avais l’impression de comprendre ce que je pensais être une maladie : la non – finalisation, consistant dans l’impossibilité d'arriver à une fin, rester dans la potentialité du rêve.
Guy a résilié son amitié avec David Z. après le mort de son deuxième fils, tué par une balle d'un sniper lors d’une attaque terroriste à Eilat. J’ai demandé à Guy d’expliquer la rupture de sa relation. Cette relation très ancienne et exclusive qu'il avait avec David Z.
Dadou connaissait David Z. et m'avait averti sur son genre de folie.
AnneAnne,
Je dois me préparer à une sortie, il est neuf heures quinze. Un rendez-vous au centre Yuri Stern, suivi d'un rendez-vous au studio pour préparer l'envoi en Hongrie de toutes les œuvres de Hedi T.
Je dois rencontrer le déménageur pour fixer un devis.
Depuis la mort de Hedi, j'ai été le dépositaire de ses œuvres. J'ai soigneusement classé, catalogué, empaqueté les tableaux, les dossiers, et des grandes quantités de photos. J’ai cherché à protéger de l'oubli l’œuvre de Hedi Tarjan.
Avec André H., nous avions organisé, il y a trois ans, et envoyé une petite partie de son œuvre à Shékesféhévar, ville royale ancienne des rois de Hongrie.
Ce musée a bien voulu accepter de les conserver et d’organiser une très belle exposition.
Je ne me relis pas et ne corrige pas pour l'instant.
Je pense à toi, à ta santé et ton état. Je t'envoie mes amitiés transparentes, chaleureuses, en allongeant mes bras dans la direction de Toulouse.
Ychaï.

Roger Bénichou-YchaÏ


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