lundi 5 septembre 2016

24 decembre 2014 Roger 2

Vingt quatre décembre deux mil quatorze.
Sept heures quarante cinq.

Est-ce ce soir Noël ? Le vingt-quatre ou le vingt-cinq ?

AnneAnne,

J'ouvre mon mail, je vois « Anne ». Je me suis demandé si, pour Noël, tu avais pu bénéficier d'une connexion miraculeuse.
Cherchant à l'ouvrir, j'ai été déçu. C'était, Anne, ma docteur crano – sacral qui m'envoyait un courriel pour me remercier de lui avoir envoyé le lien Jacques. ( ? )

Je suis parti vers dix sept heures de l'hôpital. Je suis passé chez mon neveu Avidan pour me faire aider à remplir les feuilles de douane et autres paperasses pour l'envoi vers la Hongrie des œuvres de Hedi T.
Je suis arrivé vers dix neuf heures passées.
A l’hôpital, André H. avait un visage triste. Il ne m'a pas parlé. Il était préoccupé. Ruth, et une jeune femme, étaient avec lui dans la chambre. Ruth demandait à André quelle décision il voulait prendre. Je n'ai compris qu'après un moment, que les examens ont détecté un cancer. Il a du faire une radio nucléaire, pour savoir si son cœur pouvait supporter une chimiothérapie.
Les docteurs lui ont proposé quelques méthodes de guérison. Ruth essayait de lui expliquer et quelle était la réponse qu’André H. voulait donner aux médecins. André H. a répondu, très affirmativement, qu'il voulait vivre quelle que soit la méthode employée. Il y avait beaucoup de force dans cette réponse répétée plusieurs fois.
Après un moment, la jeune femme étant partie, je demandai à André H. si je pouvais lui parler. Il m'a répondu oui, mais pas pour parler de l'envoi des œuvres de Hedi T. en Hongrie.
J'avais à lui transmettre une question de Louis, qui voulait faire jouer une œuvre monumentale qu'André H. avait composée pour les cinq cents ans de l'expulsion des juifs d'Espagne.
Plusieurs questions sur la difficulté de l’œuvre, sur la langue ou les langues chantées, sur l'importance de l'orchestre, les chanteurs, et où Louis F. il pouvait trouver la partition…
André H. m'a expliqué ce que je devais répondre à Louis.
Nous avons continué à parler. André H. s'est senti mieux. Il a attendu que Ruth ait le dos tourné pour me dire : « s'il m'arrive quelque chose, je veux que tu restes en vie ». Après une pause, il continua. Il me dit qu'il sentait que Ruth serait aussi très désespérée et qu'il voulait lui dire la même chose. De rester en vie.
Je n'ai pu lui répondre directement, je ne sais pourquoi. Je lui ai dit qu'à l'enterrement de mon père, je voulais me jeter dans la fosse. Il n'a pas répondu. J’étais sous le choc. Je ne me souviens plus de la suite de la conversation.
Un grand ami d'André H., compositeur anglais, est arrivé alors dans la chambre. André H. s'est levé du lit pour l’accueillir. Il s'est assis à côté de lui. Ils ont commencé à parler de musique, de compositeurs. J'étais assis sur une chaise en face d’eux. André H. avait repris sa verve flamboyante et sa joie de parler. Il était très heureux de la visite de son ami compositeur. Ils parlaient en anglais.
J'étais émerveillé d'entendre André H. changer de langue en quelques secondes.
Français, hébreu, anglais.
Entre-temps, son quatrième fils est arrivé avec sa femme et l’un de ses enfants, un garçon de huit ans, très beau et doux, ressemblant goutte à goutte à son père. Ezra H. était très content de me voir. Nous ne nous étions pas vus depuis plus de dix ans. Il n'habite pas Jérusalem. J'ai commencé à parler en français avec lui et son fils.
J'ai vite compris qu'ils ne comprenaient pas bien et suis passé à l’hébreu.
Ils sont partis. Le compositeur était encore là. Vint alors un ami de l'un des fils d’André H. Le compositeur est parti. André H. s'est remis au lit. Je suis resté un moment, puis je m’en suis allé.
Une heure de trajet pour arriver chez mon neveu.
La phrase d'André H. reste et tourne dans ma tête. « Tu dois rester en vie ».
Un texte haché. Je cherche à me souvenir des conversations. Les enregistrements effectués ne sont pas très écoutables. Je ne sais pas travailler avec ce filtre, ce logiciel qui m'a été conseillé par Steve H., qui permet de faire ressortir la voix et rendre audible en nettoyant tous les bruits parasites.
Je viens de faire quelques appels téléphoniques qu'André H. m'a demandé de faire pour avertir ses amis en France.
Je m'excuse d'écrire sans contrôle. Sans fil conducteur.
J'ai oublié d'écrire un courriel à Burt K. Je le fais et prends de nouveau ce texte.
Steve H. m'a téléphoné, j’ai fait le compte rendu de ma rencontre avec André H.
J'écris comme si je faisais un rapport. Dans le stress, j'écris les traces des souvenirs, et de mes actions.
Compte rendu = étincelles brisées.
Je ne vais pas corriger ce texte. Vingt deux heures trois.

AnneAnne,
Bonne nuit, ne t'inquiète pas. Je pense à toi et à ta santé.
Je vais prendre mon Tarzoladone, ces cachets qui m'ont fait dormir presque onze heures d'affilée.
Grandes amitiés, affections avec pensées profondes.


Roger Bénichou-YchaÏ


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