mardi 20 septembre 2016

26 janvier 2015 Roger

Vingt six janvier deux mil quinze. Six heures quatorze.
Quelques jours ont passé.

AnneAnne,
J'ai reçu ton dernier petit courriel, petit mais intense, gracieux, lumineux même entre les lignes. Réconfortant de te savoir, en te lisant, mieux de porter en faisant la meilleure des choses, se reposer en rêvant.
Je deviens contre la pensée positive en ayant écouté François Bon.
Quelques jours ont passé sans écrire mes courriels, des jours d'agitation, entre autres, provoqués par les événements choquants.
Mais, j'ai reçu une bonne nouvelle, Louis F. vient passer presque une semaine en Israël et sera quelques jours dans mon appartement. Le but de son voyage est le mariage de la fille de son frère Michel F., mariage qui aura lieu à Jérusalem.
Six heures vingt deux.
Je visite André H. tous les jours. Je le trouve dans un fauteuil, près du poêle à mazout, avec des gants, ne parlant pas beaucoup. Il a presque tous le temps les yeux fermés et il est sans voix. Hier, il m'a semblé être un peu mieux, parlant un peu plus, souriant, se levant de son fauteuil, pour répondre à son téléphone fixe, revenant s’asseoir en refermant les yeux.
Je suis parti, avec moins d'angoisse. Son dernier fils, Shuki H. (surnom), a mis au monde avec sa femme un fils, son deuxième. Il y aura une petite cérémonie ce jeudi. J'espère qu'André H. aura la force d'y participer. Il doit aller aujourd'hui à l'hôpital pour un examen et pour savoir s'il est en état de recevoir sa troisième chimiothérapie.
Six heures quarante.
Des vagues de commencement de phrases qui ne se terminent pas en rouleaux.
J'oublie les premiers mots. Je ne peux reconstruire, finir la phrase.
Je dors beaucoup avec la double dose du Traz… sans me rappeler mes rêves.
Avec la simple dose de cent milligrammes, j'arrivais à me souvenir de quelques bribes.

Suite du voyage du retour d’Iran.
J'étais arrivé à Marseille. Je suis parti vers Paris après la réparation de la moto…
Je n'ai plus revu Serge. J'ai eu de ses nouvelles par un intermédiaire.
Il était rentré en Martinique, faisait parti d'un groupe de musique jouant dans le style de Bob Marley. Serge était né à Paris de parents martiniquais exilés en Métropole. 
 A cette époque, ayant une relation avec Dominique J., je lui ai trouvé un studio rue des Filles du Calvaire, proche du Cirque d'Hiver. Studio que Lina N. m'avait recommandé.
Dominique J. a payé la reprise de ce studio. Après avoir reçu les clés, elle a voulu rénover la pièce et la cuisine.
Il n'y avait ni électricité, ni douche, ni aucun confort. Avec un ami menuisier, nous avons commencé les travaux, peintures, installation de l'électricité, et du gaz dans la cuisine. Je ne me souviens pas si nous avions installé aussi une douche. Cet ami était assez bon dessinateur, j’ai gardé dans mes cartons quelques dessins de lui,
Ce studio avait été occupé par un homme, dont le métier était de sculpter des visages en cire pour le musée Grévin. Quelques affaires étaient restées dans cette pièce, la plupart ayant été raflées par le propriétaire avare.
Mais nous avons retrouvé les outils de son métier de sculpteur en cire et quelques autres petites affaires.
Le plus étonnant fut que, en poussant une armoire, nous avons retrouvé un million de francs de l'époque de mil neuf cent soixante neuf. Le propriétaire n'avait pas pensé à bouger l'armoire.
Cet ancien locataire avait vécu dans une grande solitude, sans famille.
Dominique G. a pu disposer de cet argent, après avoir vérifié et effectué une enquête sur la vie et la mort de l'ancien locataire. Il était mort seul et n'avait plus personne au monde.
Elle a pu entreprendre des travaux plus importants et nous avons partagé l'argent.
Cet argent m'a permis de payer à ce même propriétaire avare la reprise d'une petite chambre, composée d'une petite entrée avec un évier, suivie d'une petite pièce, la fenêtre donnant sur la rue des Filles du Calvaire.
Cette rue du Pont aux Choux où habitait Lina au numéro vingt deux. Mon nouveau petit studio se situait au numéro sept.
Après cette transaction, j'ai invité Dadou et quelques autres amis dans un restaurant tunisien avec cet argent trouvé.
Ce repas était devenu un mythe, relaté et fut raconté pendant de nombreuses années.
Sept heures dix.
Deuxième café.
Essayons de retrouver le fil…
C'était encore le temps de la « Quatre Chevaux ».
J'ai hébergé dans cette petite chambre deux chatons que l'on m'avait confié à garder pendant les vacances de leur maître habituel. C'était presque la première fois que je partageais ma vie et mon logement avec des petits animaux. Ces petits chats étaient très agités.
 Un de leurs jeux préférés, était de se coucher, pendant la nuit, un du côté de mon oreille droite et l'autre de l'oreille gauche. Le jeu continuait car ils s’amusaient à faire pipi là où ils avaient choisi de passer leur nuit, c'est-à-dire sur l’oreiller de chaque côté de ma tête.
Je n'avais aucune idée sur la manière de réprimer leur comportement.
Un peu plus tard, un autre ami me confia son petit chien pour la durée de son voyage.
Je n'ai compris, dans ma grande naïveté et après deux mois de garde que cette garde allait être définitive.
N'ayant pas plus d'expérience, ne sachant pas me comporter avec les animaux, j’essayais de deviner quel devait être leur régime alimentaire.
Moi – même, n’ayant aucun ordre alimentaire.
Je n'avais pas d'argent pour acheter de quoi calmer notre faim. Je traînais avec ce petit chien noir, très beau, dans les rues.
En passant dans la rue du Temple, je remarquai qu'il y avait un théâtre dans une impasse. Ce théâtre d'avant garde, devenu célèbre depuis. Comme des badauds, le petit chien et moi, nous sommes entrés dans ce lieu par curiosité. Les personnes à l’accueil étaient très prévenantes, m'ont renseigné sur la pièce qui allait se jouer et sur les conditions d'entrée.
Le prix des places étaient calculé par une grande roue tournante, qui, après avoir actionné le mécanisme, s'arrêtait sur un chiffre. J'ai fait tourner la roue et elle s'arrêta sur zéro, ce qui nous donnait l'entrée gratuite. Il y avait aussi une collation gratuite. J'ai pu ainsi me restaurer avec mon petit chien. Les personnes à l’accueil m'ont demandé si le petit chien n'aurait pas peur en entendant les coups de feu des faux revolvers qui faisaient partie de la mise en scène.
A ma réponse négative, c'est à dire, que le chien n'aurait peur et se tiendrait sur mes genoux, ils nous ont invités gentiment à entrer dans la salle de spectacle.
Nous nous étions bien restaurés et avons été enchanté par la pièce de théâtre.
Le petit chien avait beaucoup apprécié la pièce et la soupe qui nous avait été offerte.
Je l'avais caressé tout le long du spectacle.
AnneAnne,
Je me prépare pour sortir. Sept heures quarante cinq.
Porte-toi bien, avec mes souhaits et mes affections grandement amicales.
Ychaï


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