Vingt trois décembre deux mil quatorze. Quatre
heures seize.
Quelque peu troublé.
AnneAnne,
Je reprends l'écriture, non pas, la suite de ce que
je voulais écrire, mais conter la journée d'hier.
André H. est encore retourné à l'hôpital, samedi
soir, il ne pouvait pas respirer.
Ce n'était pas le problème de cette eau que les
médecins devaient ponctionner, mais un poumon qui ne fonctionnait plus. Les
médecins ont réussi à faire fonctionner ce poumon.
J'ai visité André H. dimanche vers treize heures
trente. Il était en forme et m'a parlé pendant plus d'une demi-heure. Il m'a
raconté ce qui s'était passé à l’hôpital. Comment il a été étonné d’apprendre que
ce n’était pas l'eau qui l'avait empêché de respirer. Le nouveau diagnostic étant
qu’il avait un poumon bloqué. Il est très amaigri, toujours bavard, avec
beaucoup d'imagination et une analyse particulière sur les évènements. Une
manière très personnelle de se décrire et de décrire les amis. Nous avions dans
la conversation, que je faisais rebondir, abouti à une description de Socrate
comme accoucheur.
Comment André H. avait accouché quelques uns de ses
élèves. Il a parlé de mon chemin, de ma mère, du travail analytique qui m'a
sauvé du suicide d’après lui. Il a connu ma sœur qui s'est suicidée, il y a
plus de quinze ans.
Comment puis – je me rappeler les faits sans me
souvenir de la chronologie. André m'a accueilli en me disant qu'il était
heureux de me voir. Sa voix était fatiguée. Je devais faire un effort pour l'entendre.
Nous avons parlé du « connais toi-même ». Je lui ai raconté les cours
du Collège de France dispensés par ce professeur de philosophie médiévale,
Alain de Libera.
Je me suis inquiété hier, je n’étais pas arrivé à
avoir de ses nouvelles. Le téléphone portable de Ruth, la femme d’André H.,
était resté toute la journée en fonction de répondeur. Je n'ai pas pu aller le
voir à l'hôpital. J'avais travaillé dans un studio pour préparer l'envoi des
œuvres de Hedi T. pour la Hongrie. Une grosse averse avait commencé. J'étais
très fatigué.
Les déménageurs viendront ce mardi vers midi pour
prendre les caisses où j’ai rangé tableaux, papiers, lettres, dessins. Tout ce
que j’avais ramassé dans son appartement rue Zangvwill, à Kyriat Yovel. J’ai
passé quatre ans à classer les affaires de Hedi T. et à photographier les
œuvres pour faire un catalogue.
Je voudrais ce matin, aller à l'hôpital pour visiter
André H.
Louis m'a téléphoné. J'avais essayé de le joindre
toute la semaine sans succès. J’étais devenu inquiet de son silence.
André H. m’a demandé des nouvelles du concert de
son œuvre, jouée à Paris, sous la direction de Louis, mon cousin, altiste et chef
d'orchestre.
Ce concert, parmi d’autres œuvres, comprenait celle
d'André H. Il voulait savoir les réactions du public et comment cette œuvre
avait été reçue.
Quatre heures cinquante six.
Il fait encore noir. Le jour ne va pas tarder à se
lever. Je me couche encore un peu.
J'espère que les soins que tu reçois sur place, de
ton ostéopathe, aident à l'amélioration de ton épaule.
J'espère, également que vous ayez un temps clément
et plus chaud. J'imagine que le temps chaud diminue les douleurs, tout en
souhaitant leurs disparitions.
Je lance dans le virtuel, le concret de mon amitié
affectueuse.
Porte-toi bien et mieux.
Ychaï
Je ne corrige pas, laissant le courriel ouvert pour
une écriture ultérieure dans la journée.
Roger
Bénichou-YchaÏ
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