lundi 5 septembre 2016

23 decembre 2014 Roger

Vingt trois décembre deux mil quatorze. Quatre heures seize.

Quelque peu troublé.

AnneAnne,
Je reprends l'écriture, non pas, la suite de ce que je voulais écrire, mais conter la journée d'hier.
André H. est encore retourné à l'hôpital, samedi soir, il ne pouvait pas respirer.
Ce n'était pas le problème de cette eau que les médecins devaient ponctionner, mais un poumon qui ne fonctionnait plus. Les médecins ont réussi à faire fonctionner ce poumon.
J'ai visité André H. dimanche vers treize heures trente. Il était en forme et m'a parlé pendant plus d'une demi-heure. Il m'a raconté ce qui s'était passé à l’hôpital. Comment il a été étonné d’apprendre que ce n’était pas l'eau qui l'avait empêché de respirer. Le nouveau diagnostic étant qu’il avait un poumon bloqué. Il est très amaigri, toujours bavard, avec beaucoup d'imagination et une analyse particulière sur les évènements. Une manière très personnelle de se décrire et de décrire les amis. Nous avions dans la conversation, que je faisais rebondir, abouti à une description de Socrate comme accoucheur.
Comment André H. avait accouché quelques uns de ses élèves. Il a parlé de mon chemin, de ma mère, du travail analytique qui m'a sauvé du suicide d’après lui. Il a connu ma sœur qui s'est suicidée, il y a plus de quinze ans.
Comment puis – je me rappeler les faits sans me souvenir de la chronologie. André m'a accueilli en me disant qu'il était heureux de me voir. Sa voix était fatiguée. Je devais faire un effort pour l'entendre. Nous avons parlé du « connais toi-même ». Je lui ai raconté les cours du Collège de France dispensés par ce professeur de philosophie médiévale, Alain de Libera.
Je me suis inquiété hier, je n’étais pas arrivé à avoir de ses nouvelles. Le téléphone portable de Ruth, la femme d’André H., était resté toute la journée en fonction de répondeur. Je n'ai pas pu aller le voir à l'hôpital. J'avais travaillé dans un studio pour préparer l'envoi des œuvres de Hedi T. pour la Hongrie. Une grosse averse avait commencé. J'étais très fatigué.
Les déménageurs viendront ce mardi vers midi pour prendre les caisses où j’ai rangé tableaux, papiers, lettres, dessins. Tout ce que j’avais ramassé dans son appartement rue Zangvwill, à Kyriat Yovel. J’ai passé quatre ans à classer les affaires de Hedi T. et à photographier les œuvres pour faire un catalogue.
Je voudrais ce matin, aller à l'hôpital pour visiter André H.
Louis m'a téléphoné. J'avais essayé de le joindre toute la semaine sans succès. J’étais devenu inquiet de son silence.
André H. m’a demandé des nouvelles du concert de son œuvre, jouée à Paris, sous la direction de Louis, mon cousin, altiste et chef d'orchestre.
Ce concert, parmi d’autres œuvres, comprenait celle d'André H. Il voulait savoir les réactions du public et comment cette œuvre avait été reçue.
Quatre heures cinquante six.
Il fait encore noir. Le jour ne va pas tarder à se lever. Je me couche encore un peu.
J'espère que les soins que tu reçois sur place, de ton ostéopathe, aident à l'amélioration de ton épaule.
J'espère, également que vous ayez un temps clément et plus chaud. J'imagine que le temps chaud diminue les douleurs, tout en souhaitant leurs disparitions.
Je lance dans le virtuel, le concret de mon amitié affectueuse.
Porte-toi bien et mieux.
Ychaï
Je ne corrige pas, laissant le courriel ouvert pour une écriture ultérieure dans la journée.

Roger Bénichou-YchaÏ


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