mardi 20 septembre 2016

27 mai 2015 Roger

Vingt sept mai deux mil quinze. Douze heures six.

AnneAnne,
J’ai voyagé hier en fin d’après-midi vers la Colline du Printemps, Tel-Aviv, en taxi collectif assez inconfortable.
Arrivé vers dix neuf heures dans l’immense horrible nouvelle station centrale des bus.

Je me suis souvenu alors des travaux que j’ai effectués dans l’appartement que mon ex-femme avait acheté dans ce vieux quartier. Je descendais tous les jours en autobus ou en taxi collectif, de la vraie montagne qu’est Jérusalem. Je devais bricoler dans cet appartement, en mauvais état, dans un immeuble vieilli. Vieux, dans notre contexte israélien, signifie à peu près cinquante ans.

Le Film avec dan Wolman.
Après avoir envoyé le petit film « le Périple à Tel-Aviv », où j’avais joué comme acteur principal, à Tamy U., elle l’envoya à Dan Wolman.
Ce metteur en scène me téléphona aussitôt pour me demander si je voulais participer au film qu’il était en train de faire. Nous avons attendu quatre ans avant qu’il sorte sur les écrans.
J’étais descendu en autobus à Tel-Aviv.
Je perdis un quart d’heure à chercher l’autobus numéro quatre qui devait me conduire à l’ancien port, très bellement restauré.
Je m’étais imaginé faire une belle ballade avant d’aller voir le film de Dan Wolman. Dans ce film, je joue le rôle d’un grand chirurgien français spécialisé dans les opérations. Sa spécialité était de ne pas laisser de cicatrice.
N’ayant pas eu la patience d’atteindre le port, l’autobus étant très lent, je sortis de l’autobus dans une rue centrale parallèle au bord de mer. J’atteignis la plage dans l’intention de marcher, mais à ma grande déception, une grande partie de ce bord de mer était en restauration.
J’ai marché un peu, et bifurqué vers l’intérieur en pensant rejoindre la cinémathèque à pied. Ce que je fis, après avoir demandé la direction et acheté une bouteille de bière dans un magasin Green.
J’avais rendez-vous avec Evelyne K. à vingt heures trente à la cafétéria. Craignant d’arriver en retard, j’avais pris un taxi.
J’attendis donc Evelyne K. Voyant le temps et l’heure de notre rendez-vous passer, je lui téléphonai. Elle s’était trompée de date et avait pensé que nous avions rendez-vous le jeudi.
Gilad, une autre connaissance, ne vint pas non plus.
Je me suis donc retrouvé seul pour me voir sur l’écran.
Je raconterai ultérieurement l’histoire de ce film dans un film. Il raconte l’histoire d’un metteur en scène qui projette son film.
Le film où j’acte se nomme « l’Opération ». C’est le film intérieur. Le film extérieur s’appelle « l’Angoisse du Metteur en Scène ».

Je voulais aussi écrire dans le dernier courriel ma rencontre avec le sage David. Gendre de Baba Salé. Si cela t’intéresse, tu peux chercher sur « You Tube » ou « Wiki », s’il y a quelque chose sur Baba Salé. Je ne l’ai pas encore fait car, c’est en écrivant que j’en ai eu l’idée.

Mon appartement rue des Prophètes.
Après avoir acheté, ce bel appartement, situé au numéro soixante huit de la rue des Prophètes -rue « ha Néviim »- en plein centre ville, avec l’aide de ma mère. Pour que je puisse utiliser mes droits d’immigrant, ma mère décida de se faire immigrante aussi. Un immigrant seul n’a aucun droit.
Il faudrait écrire un fil spécial sur l’histoire de cet appartement. Histoire devenue malheureuse à cause d’un escroc qui se prétendait constructeur d’appartements. Mon neveu travaillait chez lui et était son ami d’enfance. Ce neveu me conseilla de vendre l’appartement que j’occupais depuis trente ans. Ses arguments étaient mon âge, les suites de mon opération à cœur ouvert, qui, d’après lui, ne me permettraient plus de monter les quatre étages. En échange, il me proposait d’acheter chez son ami malhonnête deux studios à côté de grand marché, « Mahané Yehouda ». Ce studio n’était pas construit. J’ai acheté sur plan en faisant confiance à mon neveu. Les studios devaient être finis en trois ans. Ils n’ont jamais été construits. Cet homme monstrueux nous a volé, ainsi que les autres personnes crédules qui lui ont fait confiance. J’attends depuis neuf ans, après plusieurs jugements, une petite compensation.

En arrivant en Israël, je voulais devenir religieux et j’ai commencé à étudier dans des centres d’étude appelés « yéchiva » –(« yéchiva », au pluriel « yéchivot » - être assis-, « lachevet » signifie « s’asseoir »).
Habitant rue Néviim, j’ai cherché dans mon nouveau quartier une synagogue pour participer aux prières. Je découvris une petite synagogue rue Borochov très sympathique. J’y suis resté quelques mois. Je ne me souviens plus pour quelle raison, un des membres de cette congrégation, me parla de la synagogue du sage David. Je visitai ce lieu. Peu à peu, je me détachai de la rue Borochov pour fréquenter la maison de prière du sage David, rue des Graines. Ce lieu de prière avait été construit par la grand-mère de ce sage, qui avait son lieu de vie en arrière de la synagogue.
Le sage lui-même habitait un peu plus loin dans la même rue, avec sa femme (la fille de Baba Salé) et ses six enfants.
Je retrouverai les photos de ces rues.

Je suis passé dans mon ancien quartier hier. Tout a été transformé. Les hautes maisons de vingt étages ont détruit tout ce quartier qui entourait la rue des Prophètes.

Je me suis attaché à ce sage et à ces lieux. Je suis devenu très proche de lui. J’allais le matin avant le lever du soleil, taper sur le carreau de sa fenêtre pour réveiller le sage David. Après quelques minutes, il ouvrait la fenêtre et me donnait les clés pour ouvrir la synagogue. J’ouvrais le lieu et commençait à préparer le café que nous prenions ensemble avec la petite communauté à la fin de la prière du matin.
J’étais devenu le bedeau… Ha ! Ha ! Ha !… Cela me rappelle Max Jacob.
Après quelques années, j’ai, comme tous les jours, tapé sur le carreau. Je n’ai pas eu de réponse.
Je suis retourné chez moi, ne sachant pas pourquoi le sage n’avait pas ouvert. Je n’ai pas imaginé qu’il était mort dans son sommeil et ne l’ai su que vers midi.
J’ai beaucoup à écrire sur le sage David. Je dois mon mariage à sa femme.

AnneAnne,

Douze heures quarante neuf.
Vraiment, je pense à toi, voudrais écrire plus longuement, savoir des nouvelles de ta santé, de tes yeux et sur tout ce que tu voudras bien m’écrire.
Avec mon amitié chaleureuse et heureuse.
Ma cure de désintoxication se poursuit et mes souffrances diminuent.

Ychaï

Je ne relis pas. 

Roger Bénichou-YchaÏ


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