lundi 5 septembre 2016

10 janvier 2015 Roger 2

Nerveux, j'ai parlé pendant une heure et demie hier soir pour les danseurs.

AnneAnne,
Qu'écrire sur ces derniers jours?
En parlant, hier soir, pendant une heure et demie, devant un auditoire silencieux et sans critiques devant la langue personnelle que j'emploie ici pour m'exprimer, je me suis aperçu que je n'ai pu raconter qu'une très petite partie de mon histoire.

J'ai voulu enregistrer, mais j'ai oublié d’appuyer sur le bouton d'enregistrement du petit dictaphone offert par Steve. Donc tout ce que j'ai raconté avec mon hébreu dialectal et les histoires qui ont fait rire et sourire l'auditoire est éparpillé dans les airs.

Huit heures quarante.
Chercher dans les dix dernières années.
Mon opération à cœur ouvert en mil neuf cent quatre vingt dix neuf.
Malgré mon insistance avant l'opération, insistance à dire aux docteurs et au chirurgien, que mon cœur était brisé et non bouché par le cholestérol et la cigarette, ceux-ci sont toujours restés sur leur position. Ils m'ont dit que ma subjectivité ne devait pas entraver leur vérité. Le corps est une machine que l'ont peux restaurer, comme une machine.
Pendant la journée où je devais agréer et signer le papier dans lequel je leur donner le droit de disposer de mon corps, j'ai hésité, n'ayant plus beaucoup de désir de vivre.
Daniel Ep. , A qui, j'avais raconté mon hésitation, m'a conseillé de choisir de me faire opérer. Je l'ai écouté.
Ne pouvant plus ni marcher, ni monter les escaliers, mon généraliste m'envoya consulter un spécialiste du cœur qui décida de m’opérer immédiatement après avoir fait les examens. Les médecins m'ont fait rentrer un tube dans une artère qui se trouve à l'aine de mon côté gauche. Ils ont trouvé que j'avais trois artères bouchées ; pendant cette première opération, qui devait être filmée et que je devais voir en direct, la télévision n'a pas fonctionné, mais par hasard la musique d'accompagnement se trouvait être les chansons de Brassens.
Me disant ne pas pouvoir faire grand-chose pour le débouchage et que la seule solution était l'opération, avec naïveté, croyant que cette opération devait se faire immédiatement, j'ai demandé à avertir ma famille. Ils m'ont fait comprendre que je devais faire toutes sortes d'examens, pour se confirmer dans leurs désirs.
Il se passa un jour, la date fut fixée pour six heures le matin.
La veille de cette opération, dans une chambre spéciale, une très douce infirmière, vint m'aider à prendre une douche avec une crème qui m'enleva tous mes poils. J'avais honte de me faire voir nu et sans poils.
On me donna un petit somnifère pour m'aider à m'endormir. Ce cachet n'eut pas d'effets.
Le matin, cette douce infirmière vint me faire une petite piqûre de morphine.
Une élève qui apprenait le zarb avec moi, vint me faire du reeki très tôt le matin.
Le reeki est sorte de façon de transmettre un calme orientale.
Je me préparai non pas, seulement à l'opération, mais aussi à savoir si j'allais m'en sortir.
Arriva le lit pour me transporter dans la salle chirurgicale, ce lit était poussé par un infirmier très compatissant. Pendant le transport, mon élève Dilka, me suivi un peu jusqu'à l'ascenseur. Je pris le parti de chanter une chanson de Brassens, me disant qu'il faut mourir en chantant. Je fus seul avec cet infirmier dans l'ascenseur qui me confia à un anesthésiste. Je sentais les effets de la morphine qui me faisait voir le paysage environnant en violet. L’anesthésiste me fit une piqûre dans l'artère de mon cou, côté gauche. Je rentrai avec lui, dans une salle froide, fut transporté encore tout nu sur la table d'opération. Je n'ai eu que le temps d'entendre quelques paroles du chirurgien, je ne suis pas sûr si ces mots étaient pour moi ou pour les assistants.
L'opération dura sept heures et demi. Je me suis réveillé un tout petit peu. J'étais dans la salle commune de réanimation. J'avais visité cette salle et entendu les conseils et explications sur le fonctionnement de cette salle.
Je me suis aperçu peu à peu, que j'étais transpercé de tuyaux me fournissant l'aide complémentaire à ma survie. Je devais aussi regarder une horloge pour savoir si le temps avait passé. Je n'ai pas senti passer les trois jours de cette réanimation.
J'avais demandé à mon neveu Netanel de brancher les écouteurs de mon petit disc man Sony, pas seulement pour ajouter d'autres tuyaux à ceux qui étaient dans ma gorge et dans toutes mes veines, mais pour me tenir en vie. Il devait aussi changer les disques.
Ces écouteurs mettaient en colère les soignants et je fus brutalisé.
Il y eu quelques personnes qui me visitèrent, j'étais à demi-conscient.
Je me souviens d'un petit verre de jus d'orange offert par Diane.
Mon neveu Netanel resta dans la salle d'attente toute la nuit après ma sortie de la salle d'opération.

Neuf heures quarante.
Anne Anne,
Comment-vas-tu ? Ne réponds pas, garde tes yeux !
Je sais que tu sais que je pense à toi, avec une affection profonde, amicale violette comme la morphine.
A tout à l'heure, sans que ces pots soient une répétition.
Ychaï.
Neuf heures quarante cinq.


Roger Bénichou-YchaÏ

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