Nerveux, j'ai parlé
pendant une heure et demie hier soir pour les danseurs.
AnneAnne,
Qu'écrire sur ces
derniers jours?
En parlant, hier
soir, pendant une heure et demie, devant un auditoire silencieux et sans
critiques devant la langue personnelle que j'emploie ici pour m'exprimer, je me
suis aperçu que je n'ai pu raconter qu'une très petite partie de mon histoire.
J'ai voulu
enregistrer, mais j'ai oublié d’appuyer sur le bouton d'enregistrement du petit
dictaphone offert par Steve. Donc tout ce que j'ai raconté avec mon hébreu
dialectal et les histoires qui ont fait rire et sourire l'auditoire est
éparpillé dans les airs.
Huit heures
quarante.
Chercher dans les
dix dernières années.
Mon opération à
cœur ouvert en mil neuf cent quatre vingt dix neuf.
Malgré mon
insistance avant l'opération, insistance à dire aux docteurs et au chirurgien,
que mon cœur était brisé et non bouché par le cholestérol et la cigarette,
ceux-ci sont toujours restés sur leur position. Ils m'ont dit que ma
subjectivité ne devait pas entraver leur vérité. Le corps est une machine que
l'ont peux restaurer, comme une machine.
Pendant la journée
où je devais agréer et signer le papier dans lequel je leur donner le droit de
disposer de mon corps, j'ai hésité, n'ayant plus beaucoup de désir de vivre.
Daniel Ep. , A qui,
j'avais raconté mon hésitation, m'a conseillé de choisir de me faire opérer. Je
l'ai écouté.
Ne pouvant plus ni
marcher, ni monter les escaliers, mon généraliste m'envoya consulter un
spécialiste du cœur qui décida de m’opérer immédiatement après avoir fait les
examens. Les médecins m'ont fait rentrer un tube dans une artère qui se trouve
à l'aine de mon côté gauche. Ils ont trouvé que j'avais trois artères bouchées ;
pendant cette première opération, qui devait être filmée et que je devais voir
en direct, la télévision n'a pas fonctionné, mais par hasard la musique
d'accompagnement se trouvait être les chansons de Brassens.
Me disant ne pas
pouvoir faire grand-chose pour le débouchage et que la seule solution était
l'opération, avec naïveté, croyant que cette opération devait se faire
immédiatement, j'ai demandé à avertir ma famille. Ils m'ont fait comprendre que
je devais faire toutes sortes d'examens, pour se confirmer dans leurs désirs.
Il se passa un
jour, la date fut fixée pour six heures le matin.
La veille de cette
opération, dans une chambre spéciale, une très douce infirmière, vint m'aider à
prendre une douche avec une crème qui m'enleva tous mes poils. J'avais honte de
me faire voir nu et sans poils.
On me donna un
petit somnifère pour m'aider à m'endormir. Ce cachet n'eut pas d'effets.
Le matin, cette
douce infirmière vint me faire une petite piqûre de morphine.
Une élève qui
apprenait le zarb avec moi, vint me faire du reeki très tôt le matin.
Le reeki est sorte
de façon de transmettre un calme orientale.
Je me préparai non
pas, seulement à l'opération, mais aussi à savoir si j'allais m'en sortir.
Arriva le lit pour
me transporter dans la salle chirurgicale, ce lit était poussé par un infirmier
très compatissant. Pendant le transport, mon élève Dilka, me suivi un peu
jusqu'à l'ascenseur. Je pris le parti de chanter une chanson de Brassens, me
disant qu'il faut mourir en chantant. Je fus seul avec cet infirmier dans l'ascenseur
qui me confia à un anesthésiste. Je sentais les effets de la morphine qui me
faisait voir le paysage environnant en violet. L’anesthésiste me fit une piqûre
dans l'artère de mon cou, côté gauche. Je rentrai avec lui, dans une salle
froide, fut transporté encore tout nu sur la table d'opération. Je n'ai eu que
le temps d'entendre quelques paroles du chirurgien, je ne suis pas sûr si ces
mots étaient pour moi ou pour les assistants.
L'opération dura
sept heures et demi. Je me suis réveillé un tout petit peu. J'étais dans la
salle commune de réanimation. J'avais visité cette salle et entendu les
conseils et explications sur le fonctionnement de cette salle.
Je me suis aperçu
peu à peu, que j'étais transpercé de tuyaux me fournissant l'aide complémentaire
à ma survie. Je devais aussi regarder une horloge pour savoir si le temps avait
passé. Je n'ai pas senti passer les trois jours de cette réanimation.
J'avais demandé à
mon neveu Netanel de brancher les écouteurs de mon petit disc man Sony, pas
seulement pour ajouter d'autres tuyaux à ceux qui étaient dans ma gorge et dans
toutes mes veines, mais pour me tenir en vie. Il devait aussi changer les
disques.
Ces écouteurs
mettaient en colère les soignants et je fus brutalisé.
Il y eu quelques
personnes qui me visitèrent, j'étais à demi-conscient.
Je me souviens d'un
petit verre de jus d'orange offert par Diane.
Mon neveu Netanel
resta dans la salle d'attente toute la nuit après ma sortie de la salle
d'opération.
Neuf heures
quarante.
Anne Anne,
Comment-vas-tu ? Ne
réponds pas, garde tes yeux !
Je sais que tu sais
que je pense à toi, avec une affection profonde, amicale violette comme la
morphine.
A tout à l'heure,
sans que ces pots soient une répétition.
Ychaï.
Neuf heures
quarante cinq.
Roger Bénichou-YchaÏ
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire