lundi 5 septembre 2016

2 janvier 2015 Roger

Deux janvier deux mil quinze. Quinze heures cinquante.
Faire attention que nous sommes en deux mil quinze.

AnneAnne,
Deux ou trois jours ont passé. Je ne me souviens plus. Ne reviens pas en arrière pour vérifier. J'ai voulu écrire mais ma procrastination a eu le dessus.
De petites phrases me passent par la tête en marchant, des commencements de courriels, que j'oublie, que je ne mémorise pas.
J'ai été presque toute la semaine voir André H. à l'hôpital. Il a reçu sa première chimiothérapie mercredi soir. Les docteurs ont du attendre car il avait attrapé un virus.
Il est sorti ce matin de l’hôpital, j'ai été le visiter chez lui. Il m'a parlé en peu. Je ne suis pas resté longtemps. Il m'a expliqué qu'il ne délirait plus, son délire de ces deux derniers jours ayant été provoqué par les stéroïdes. Ceux-ci lui ont été administrés pour prévenir les vomissements. Il ne mange pas beaucoup. Il pèse cinquante trois kilos.
Je résiste à l'envie d'écrire, repousse l'acte un peu, puis encore un peu, règle le réveil pour une heure du matin, me lève pour couper le son, me recouche, et grâce au Trozodone, dors jusqu à sept heures trente. Traîne avec mon café en pensant vouloir m'asseoir pour « courrieler », je tourne, le temps passe, un autre petit café. Au lever, la grande cafetière de deux tasses petit format, la deuxième, petite cafetière d'une tasse dans un petit verre avec de la cardamome. Ce petit verre correspond à une tasse et demi du café servi dans les établissements.
Entre mes déplacements du vendredi matin : petit marché de légumes sérieusement organiques. Très peu. Ces temps – ci, je ne mange pas beaucoup. En allant au rendez-vous avec D. Ep., j’ai rencontré par hasard Yaala, femme de mon neveu Netanel, fils aîné de ma sœur. Nous nous sommes assis dans un café, la conversation était très agréable. Mon frère Henri est arrivé en Israël pour assister à la communion solennelle d'une des ses petites enfants. Communion de la fille de son deuxième garçon, Gilles. Henri a eu avec sa femme, Fortunée quatre enfants. Florence qui est en France, Daniel, Gilles et Yoël qui vivent ici. Florence avec l'aide de son mari dentiste a trois enfants, fille garçon fille, Daniel, pâtissier, cinq enfants, je ne sais pas l'ordre des genres, Gilles comptable, six enfants. Je ne me souviens pas de l'ordre et des noms de leurs enfants, n'ayant pas beaucoup de contacts avec eux. Le dernier, marié fraîchement, a aidé sa femme à faire une fille, née il y a trois mois. Si je compte bien, cela fait quinze petits enfants pour mon frère accompagné de sa femme Fortunée.

Le paragraphe deux mil quinze.
Je ne me souviens pas si je t'ai envoyée des souhaits de joie, de santé, de bonheur, de vie, calme et sereine sans douleurs, d’espérance et d'espoir.
J'ai demandé ce matin à D. Ep. la différence entre ces deux mots. L'espoir est intéressé tandis que l’espérance est gratuite.
Hier soir, lors de ma deuxième visite à André, je l’ai questionné pour savoir la différence entre prophète et voyant.
Malgré sa fatigue, il a raconté l’histoire du roi Saul avec le roi David, qui était enfant le vainqueur de Goliath. La controverse portait sur lequel des deux était voyant ou prophète.
J'avais demandé à André H. de me réciter les poèmes et histoires qu'il compose dans ses insomnies et ses déambulations dans les couloirs de l'hôpital.
Il avait refusé, prétextant qu'il était fatigué, mais à ma nouvelle demande d’explications, il a repris des forces pour me raconter toute l'histoire de la relation entre le roi Saul et le roi David.
J’ai raconté à André H., que j'avais décidé de ne plus parler de mes espoirs de trouver une compagne avant ma disparition. J’ai cessé depuis un an de parler de ma tristesse de ne pas avoir eu d'enfants. Je lui ai expliqué ma pensée, celle de ne pas avoir le droit de continuer cette litanie ; cela ne dépendait pas de moi, dans mon cas, mes paroles d'espoir ne servaient à rien, c'était une prétention de ma part…
A continuer…
Aujourd’hui, après ma visite à André H., rentrant chez moi, j'ai pensé à Messody Z. et à Frédé H., partageant mon désir de mariage. Je les avais présentées à mon père, souffrant sur son lit d’hôpital.
Est – ce que cette demande de mariage a été faite dans l'angoisse devant la mort prochaine de mon père ? Et-ce ce qui a fait que mes demandes n'ont pas abouti ?
Avec Lenke S., rencontrée en Hongrie, nous avions voulu nous marier. L'opposition de tous les hongrois, y compris Hedi Tarjan, à ce mariage, a provoqué notre séparation.
Lenke S. était l'amie de Hedi Tarjan. Elles s'étaient connues à l'école d'art. Lenke S. aidait Hedi Tarjan à s’améliorer dans le dessin.
J'écris maintenant des phrases courtes en pensant aux phrases longues de Proust.
Seize heures quarante cinq. Je n'arrive pas encore à m'habituer à mes nouvelles lunettes bifocales. Je continue à chercher l'angle qu'il faut pour voir les lettres. Je n’écris plus avec le visage sur l'écran.
J'ai entendu une très belle interview de Arthur Koesler, avant de partir à mes rendez-vous.
AnneAnne,
Je ne sais plus depuis combien de temps la neige de ta campagne à couper les fils de tes connections virtuelles.
Mais j'insiste sur mes vœux, qui attendront avec impatience ton retour en pleine forme à Toulouse. Les ANPE n'ont pas répondu à mes vœux. Ce matin, Mao a envoyé un lieu pour Claude Nogaro. Ce soir, je m'installerai dans mon lit, en ayant éteint le climatiseur que fait trop de bruit, pour écouter Claude et rêver du rouge.
Deux mil quinze amitiés, et plus d'affections encore.
Ychaï
Je ne corrige pas.


Roger Bénichou-YchaÏ


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